Née d’un ferment libéral »
leur assure un vrai métier. D’autres s’en sortent par le statut de l’auto-entrepreneur, qui permet aussi de surmonter les barrières créées par les règles existantes. Il permet à certains jeunes de travailler pour des sociétés de transport de particuliers ou d’autres, en travaillant 60 heures par semaine, en gagnant certes un peu plus que le smic. Mais nous sommes là dans les marges du Code du travail… Il suffit d’aller au contact des Français pour constater que les situations se diversifient considérablement, et nous devons en tenir compte dans notre approche du droit du travail.
Si on suit votre raisonnement, Nuit debout serait une force conservatrice qui veut préserver l’ordre établi et refuse cette mobilité…
Son caractère statique en manifeste l’intention…
Pourquoi n’associez-vous pas l’insécurité culturelle des classes moyennes à une immigration qui apparaît à certains comme une force d’usure de leur identité ?
L’insécurité des classes moyennes dépasse ce seul problème. Elle est liée à des changements (mondialisation, nouvelles révolutions technologiques) qui lui semblent remettre en question son propre statut et compromettre la notion de progrès, cette conviction que chaque génération vivra mieux que la précédente.
Ensuite, le problème vient moins de l’immigration en tant que telle que de notre incapacité collective depuis au moins trente ans à intégrer les personnes d’origine étrangère, tout en prétendant, contre toute évidence, que cet échec ne pose aucun problème et n’a aucune conséquence sur la vie des gens. Le discours niant cette insécurité culturelle ne fait qu’attiser le mécontentement et la colère de tous ceux qui souffrent et qui ressentent une forme d’oubli ou de mépris. On échoue la plupart du temps à créer de la mixité sociale dans les quartiers. Or c’est seulement par l’intégration économique et sociale que l’on pourra apaiser les rapports sociaux. Dans de trop nombreuses villes, faute d’avoir réalisé une vraie mixité sociale, on a de plus en plus deux France qui vivent côte à côte – dans des communes et des quartiers différents – et dont j’ai peur, si nous n’agissons pas, qu’elles ne soient demain face à face. Il faut donc repenser la géographie de nos villes. Il faut