Davezies : « Les finances publiques, enjeu de 2017 »
Grand spécialiste de l’économie des territoires, Laurent Davezies pointe les menaces qui pèsent sur la cohésion nationale. Selon lui, le système redistributif à la française fonctionne, mais pour combien de temps encore ?
Professeur au Conservatoire national des arts et métiers, Laurent Davezies détonne parmi les économistes. Pas d’équations incompréhensibles ; des formules qui font mouche. Dans des ouvrages percutants à succès, il dresse des bilans, plutôt positifs, et trace des perspectives, plutôt inquiétantes. Dans « La crise qui vient. La nouvelle fracture territoriale » (Seuil, 2012), il annonçait les contrecoups d’un surendettement public devant venir frapper très différemment les territoires d’une France bercée de ses deux idées d’unité et d’égalité. Dans « Le nouvel égoïsme territorial. Le grand malaise des nations » (Seuil, 2015), il décrivait un modèle occidental de cohésion territoriale, façonnant depuis des décennies les réalités de la géographie économique par de généreux transferts socio-fiscaux. Ce modèle de « keynésianisme territorial », partout, s’érode. Dans un monde fluide, ouvert et mobile, les solidarités sont moins évidentes. A l’orée d’une année 2017 décisive sur le plan politique, il replace les enjeux d’une France appelée à des réformes substantielles sur le plan des territoires comme de la redistribution
Le Point : En 2012, vous annonciez la survenue d’une nouvelle crise. Vous êtes-vous trompé ? Laurent Davezies :
Non. Il est cependant vrai que ce que l’on pouvait envisager ne s’est pas encore véritablement concrétisé. En tout cas sous forme d’une nouvelle déflagration économique. A l’époque, on pensait que l’on sortait de la crise de 2008, avec une petite reprise de la création d’emplois en 2010. A l’été 2011, le psychodrame grec a révélé une crise générale des finances publiques,