Les facs de médecine sous l’influence des labos ?
Les 37 universités françaises de médecine ne sont pas imperméables à l’influence des laboratoires pharmaceutiques, selon l’étude d’une association (1). Et, d’après notre propre enquête, 30 des 37 doyens français ont bénéficié d’avantages de l’industrie pharmaceutique entre 2012 et 2016. Notre bilan s’appuie sur la base de données publique Transparence santé, rendue obligatoire par la loi du 29 décembre 2011 relative au renforcement de la sécurité sanitaire du médicament. Celle-ci rend accessible l’ensemble des informations déclarées par les entreprises sur les liens qu’elles entretiennent avec les acteurs du secteur de la santé. Les avantages reçus par ces professeurs sont divers : restauration, hébergement, transport, inscription à un congrès, rémunération… Si certains doyens n’ont bénéficié que d’un ou deux avantages, d’autres font la course aux records : 179 avantages pour l’un, 275 pour l’autre ! Accepter des avantages d’un industriel conduit-il à prendre des décisions en sa faveur ? En principe, les doyens et la structure qu’ils dirigent sont garants de la protection de leurs élèves contre toute influence commerciale indue et de leur éducation vis-à-vis des inter- férences industrielles dans leur futur métier.
La question de la capacité de résistance des médecins aux pressions des laboratoires est brûlante. En effet, seulement 3 doyens sur 37 ont répondu à la première enquête du genre menée en France par l’association médicale indépendante Formindep sur l’indépendance que les universités médicales garantissent à leurs étudiants, donc à de futurs prescripteurs de médicaments, vis-à-vis des labos. En explorant les sites Internet des facultés et en interrogeant les enseignants, les auteurs de cette étude ont établi que seules les facultés médicales nationales de Lyon Est, Angers, AixMarseille, Lyon Sud, Paris-Descartes, ParisDiderot, Rennes-1, Strasbourg et ToulousePurpan ont pris des initiatives pour se prémunir contre les conflits d’intérêts qui surgissent en cas de liens de l’établissement ou de ses enseignants avec l’industrie du médicament. Plusieurs études concluent que les étudiants formés dans ces facultés prescrivent d’une manière moins orientée par le marketing des firmes et plus favorable aux patients
1. Conflict of Interest Policies at French Medical Schools : Starting from the Bottom, Plos One, 10 janvier 2017.