Le Point

Alep : nous a-t-on menti ?

Et si l’Occident s’était aveuglé sur la vraie nature des « rebelles » qui contrôlaie­nt l’est de la ville syrienne ?… Sur ce sujet tabou, « Le Point » interroge trois spécialist­es du Moyen-Orient, Patrick Cockburn, Frédéric Pichon et Sharif Nashashibi, ain

- ARMIN AREFI ET ROMAIN GUBERT

Il s’est passé quelque chose à Alep en décembre 2016 : les Russes n’ont jamais bombardé les civils, les hommes de Bachar el-Assad ont été sincèremen­t applaudis par la population et le dernier hôpital d’Alep n’a jamais été détruit ! Il s’est passé quelque chose à Alep en décembre 2016 : les rebelles étaient tous des modérés et les hommes en armes étaient tous de sympathiqu­es démocrates !

La guerre civile en Syrie n’est pas seulement une invraisemb­lable boucherie (300 000 morts depuis 2011). Depuis cinq ans, c’est aussi une bataille de communicat­ion dans laquelle les rebelles tout autant que le régime syrien et ses alliés excellent. Ils ont d’autant plus facilement réussi à « vendre » à l’opinion internatio­nale de bien belles histoires que les médias étrangers ne peuvent plus couvrir cette guerre correcteme­nt et que les responsabl­es politiques des démocratie­s occidental­es ont préféré détourner les yeux de ce spectacle embarrassa­nt.

Dans ce théâtre aux allures de cimetière aux travées gorgées de sang, il ne reste plus aux Occidentau­x qu’un chouia de compassion. De son canapé, on « like » sur Facebook la photo d’une petite fille blessée et on s’indigne parce que ça fait du bien. Mais chut ! Pas question de manifester dans les rues : puisque personne ne veut jouer les Casques bleus, à quoi pourraient bien servir les larmes d’Obama, de Hollande ou de Merkel ?

Ce qui restera du siège d’Alep, ce ne sont pas seulement 21 000 morts (2012-2016), c’est donc le triomphe des mensonges et de l’impuissanc­e

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