Beaucoup de nouveautés pour rien
ABUSIF Entre le 1er août et la fin décembre 2016, la commission de transparence de la Haute Autorité de santé a jugé que 10 médicaments présentés comme des nouveautés rendaient un service médical nul, ce qui a déterminé leur absence de remboursement et rend leur survie problématique. De plus, 46 molécules ont été stigmatisées pour une absence d’amélioration du service médical rendu, l’autre indicateur sur lequel sont jugés les nouveaux produits. Ce qui veut dire qu’ils n’apportent aucun progrès thérapeutique par rapport aux traitements existants, mais qu’un prix va cependant pouvoir leur être attribué pour leur mise sur le marché. « Le constat actuel est clair : il arrive sur le marché de plus en plus de médicaments nouveaux pour la plupart sans intérêt pour le malade – ou si peu – et qui sont vendus à des prix tellement exorbitants que les Français, et d’autres, ne seront bientôt plus en mesure de se les procurer », écrit le professeur de pharmacologie Pierre Allain dans le dernier bulletin d’Actualités en pharmacologie clinique du centre régional de pharmacovigilance Centre-Val de Loire. La plupart des nouveaux médicaments, « peut-être 9 sur 10 », d’après ce spécialiste, n’apportent rien, ou si peu, par rapport aux molécules déjà commercialisées. Pour les anticancéreux, la prolongation de la survie globale, par rapport à un placebo, n’est en moyenne que de trois mois, souvent au prix d’une augmentation des effets indésirables et d’une diminution de la qualité de vie. Depuis plusieurs années, rares sont les innovations thérapeutiques décisives pour les patients, alors qu’un flot abondant de médicaments sans intérêt, voire délétères, inonde les instances chargées de les évaluer. Avec les règles en vigueur, il est difficile de s’opposer à leur commercialisation. Des voix nombreuses demandent un haussement des exigences des agences du médicament, ce qui inciterait les laboratoires pharmaceutiques à reprendre une recherche visant de vrais progrès thérapeutiques plutôt qu’à s’échiner à remplir des objectifs marketing et financiers. « Il faut renforcer la rigueur des conditions d’attribution de l’autorisation de mise sur le marché : affirmer que tout médicament nouveau doit faire la preuve, sur des critères solides, qu’il est non pas presque aussi bon que ceux qui existent déjà, mais qu’il est meilleur qu’eux », réclame Pierre Allain
« PEUT-ÊTRE 9 NOUVEAUX MÉDICAMENTS SUR 10 » N’APPORTENT RIEN OU TRÈS PEU PAR RAPPORT AUX MOLÉCULES DÉJÀ COMMERCIALISÉES.