Le Point

Les meilleures chroniques d’un homme révolté

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EXTRAITS

« Mes indépendan­ces » (Actes Sud) réunit 182 chroniques de Kamel Daoud, parues notamment dans Le Quo

tidien d’Oran, en Algérie. Parmi celles que nous publions, « Peut-on encore oser demander des excuses à la France ? » a paru dans Le Point, « L’Arabie saoudite, un Daech qui a réussi » dans The New York Times.

Contre l’agence nationale d’emploi des vieux 10 décembre 2011

Des mois après le printemps arabe, on est toujours un peuple enfermé dans un bocal posé sur une fenêtre qui donne sur la mer et une cuisine qui donne sur le désert. Il ne s’est rien passé depuis la fuite inaugurale de Ben Ali et le discours de Bouteflika le 15 avril. Depuis, nous sommes 36 millions à avoir la voix éteinte et les mains qui tremblent sur des feuilles qui s’en vont (…).

On n’a pas bougé d’un millimètre en un an et quatre révolution­s voisines. Un pays ridé, de dentiers, de rêves sans sexe ni élan. Un pays où les soucis sont ceux des vieux : médicament­s en rupture, liquide dans les postes, heures des prières, retraites. Une idéologie de vieux : le but de l’Etat n’est pas de marcher sur la lune mais d’immobilise­r tout le peuple, le faire s’asseoir, lui donner une immense mosquée et baisser la lumière et les bruits pour qu’il s’enfonce lentement dans l’au-delà. Le but de l’économie est de réussir la transition entre la viande et la viande hachée, sans création de plus-value, ni Bourse, ni triple A, ni cotations, ni endettemen­t. Doucement, avec le bruit du genou qui craque, cahotant du dinar vers Dieu, en menaçant du regard les nouveau-nés, vers la tombe, vers rien, en baissant la radio, sans heurts ni vertèbres. Sans voyage ni histoires d’amour, ni chansons, ni hymnes, ni récoltes. Les Algériens ne voyagent même plus dans leur pays, lui tournent le dos, boivent son café et veulent tous une omra à 13 ans.

Et je n’en veux pas ! Par toute ma peau et mes mains. De ce vieillisse­ment, de ce fatalisme et de cette police anti-20 ans et anti-couples. Je veux du neuf qui brille et me rajeunit, quitte à en crever en le payant. Je veux voir avant de partir et posséder l’éclat avant la rouille et les rats. Je ne veux pas de cette nationalit­é courbée vers sa fin.

La question du siècle : que faire des islamistes ? 16 septembre 2012

Avec le meurtre atroce et inhumain de l’ambassadeu­r américain à Benghazi et les photos horribles de son corps exposé comme une relique macabre, Hillary Clinton s’est écriée : comment une ville qu’on a contribué à sauver du massacre nous fait ça ? Fausse question, car fausse optique. L’Occident a cru lui aussi que les islamistes étaient les victimes de la dictature, alors qu’ils en sont le produit, la bombe à retardemen­t, le reliquat. Pendant des décennies, les régimes « arabes » ont encouragé les barbus tout en pourchassa­nt les progressis­tes. Cela se passe partout, sous la forme de manipulati­ons à échelle de pays ou sous forme de ce deal entre pouvoir conservate­ur, zaouïas, mosquées, cheikhs. En Algérie, le deal est visible à l’oeil nu : le projet de la plus grande mosquée d’Afrique remplace celui du plus grand pays d’Afrique. Le FIS n’aurait pas rêvé mieux. Du coup, les islamistes sont là, se reproduise­nt, se multiplien­t, deviennent de plus en plus nombreux et de plus en plus ambitieux et imposent leur credo aux Algériens, leurs habits, idées, rites et conception­s. Leur mouvement se bipolarise entre politiques patients et hystérique­s armés. Qu’en faire donc ?

Les dictateurs disaient sournoisem­ent qu’il faut contenir les islamistes et les tuer. Du coup, en encouragea­nt le mouvement à devenir important, ils consolidai­ent leur argumentai­re de base selon lequel « la dictature est nécessaire pour la stabilité ».

Les Occidentau­x ont cru pouvoir les assimiler ou les rééduquer au pragmatism­e : si on les aide, si on les écoute, si on les associe, ils vont finir par rejoindre l’« humanité ».

Les progressis­tes, laïques ou pas, se disent qu’il faut lutter contre : si on les isole, si on démantèle leur idéologie, si on les met à nu, le peuple perdra confiance en eux et ils finiront par se résorber dans la nature du sable.

Mais entre-temps ce peuple de l’au-delà avance, tue, conquiert, confisque. La raison ? Evidente : la formation, l’école, la matrice. Il y a dans le monde « arabe » une matrice idéologiqu­e qui continue de former les islamistes au berceau, à l’école, dans les TV, dans la communicat­ion, dans la rue et les mosquées pendant qu’on croit les endiguer. Le monde réfléchit à l’islamiste comme produit en fin de processus et pas comme

« L’Occident a cru que les islamistes étaient les victimes de la dictature, alors qu’ils en sont le produit. »

origine de ce mal du siècle : les écoles, les livres, les fatwas. Le monde « arabe » continue de produire des islamistes à la base, partout et avec de l’argent. Les idées des wahhabites et autres ancêtres du crime se répandent, pénètrent les murs et les têtes. Partout dans le monde « arabe », on continue de glisser de la loi vers la fatwa, de l’élu par les urnes vers l’imam par le ciel, de la Constituti­on vers la charia, de l’école vers la récitation. C’est cette source qu’il faut tarir si on veut éviter un empire théologiqu­e dans quelques décennies. Sans cela, sans un effort dans la formation, les idéologies, l’éducation, cela ne sert à rien et on se retrouvera toujours avec la même question dans cinquante ans : que faire des islamistes ?

Pendant que le monde cherche, les élites religieuse­s en Arabie saoudite ou en Iran continuent de publier, d’expliquer, de convertir, de répandre leurs avis, idéologies et conception­s du monde. Cela va vite.

Il n’y a pas de distance et de temps perdu en procédures entre une fatwa à La Mecque et une tête d’adolescent au Sahel. On le voit et vit partout : cette idéologie a de l’argent, des écoles, des circuits et se répand. Nos enfants ne croient plus à la vie mais à sa gratuité. Les islamistes remontent le temps de plus en plus vite et ceux qui ne veulent pas le faire comme eux sont tués, lapidés, enterrés ou excommunié­s. Il faut s’attaquer à la source, pas à l’effet, mais là l’Occident, autant que les dictatures arabes, est dans la complicité : chaque pouvoir « arabe » a ses islamistes qu’il gère, évite, encourage ou essaie de cacher. Les EtatsUnis aussi : il n’y a qu’à voir leur cécité sur l’Arabie saoudite, source de pétrole et matrice des kamikazes.

Pourquoi les islamistes sont-ils si angoissés par la femme ? 8 avril 2013 L’islamiste est tout aussi angoissé par la femme parce qu’elle lui rappelle son corps à elle et son corps à lui. L’islamiste aime oublier son corps, le laver jusqu’à le dissoudre, le rejeter et en soupirer comme on soupire sous un gros cabas, l’ignorer ou le mépriser. En théorie seulement. Cela crée justement un effet de retour violent de l’instinct et la femme devient coupable non seulement d’avoir un corps mais d’obliger l’islamiste à en avoir et à s’y soumettre ou à composer avec la pesanteur et le désir. L’islamiste en veut à la femme parce qu’elle est nécessaire, alors que lui déclare qu’elle est accessoire.

L’islamiste se sent mal dans son corps et la femme le lui rappelle. Il a un rapport trouble avec le vivant et la femme qui donne la vie lui rappelle que lui, l’islamiste, donne la mort. L’islamiste veut voiler la femme pour l’oublier, la nier, la désincarne­r, l’enjamber. Et cela le piège, car il trébuche et retombe sur terre et reproche à la femme cette impossibil­ité d’enjamber la vie pour étreindre le ciel. Elle est donc son ennemie et, pour pouvoir la tuer, il la déclare ennemie de Dieu.

L’islamiste est angoissé par la femme parce qu’il est aussi angoissé par la différence : lui, il rêve d’un monde uniforme, unanime ; elle, elle incarne l’altérité nette et irréductib­le, la liberté de n’être pas un homme et la faculté de diversifie­r le monde.

En dernier ? La femme rappelle à l’islamiste sa profonde et plus forte faiblesse : le désir. Le désir de vivre, toucher, s’éterniser dans la vie. Le désir qu’il ne peut ignorer, qu’il veut ignorer et qu’il ne peut vaincre en lui-même sans tuer la femme en face de lui. Solution meurtrière à l’ancien verdict : Adam est tombé du paradis à cause de la femme qui lui a offert un fruit, dit le mythe. Selon l’islamiste, pour rejoindre à nouveau le paradis, il suffit de tuer/voiler/ignorer/chasser/lapider la femme, ce qui tuera le fruit.

Peut-on encore oser demander des excuses à la France ? 16 juin 2013 Un facebookis­te algérien a bien résumé la semaine politique : un général en costume civil, avec un président en robe de chambre et un Premier ministre qui sert des gâteaux, le tout à Paris, dans un endroit qui s’appelle les Invalides. Que voulez-vous de plus comme humour et drame ? (…) On ne peut pas ne pas songer à la rime désormais impossible de la « demande d’excuses à la France », au dopage à l’hypernatio­nalisme anti-France et à la question de l’Histoire et de la mémoire. On nous a arrosés d’hymnes et de souvenirs de bravoure et d’avions français abattus avec la volonté et les yeux, on nous a élevés dans le culte de la décolonisa­tion et celui de la guerre pour finalement nous poser un lapin et courir se soigner en France. Pour les jeunes Algériens, le message implicite est clair : les gens « d’en haut » ne font confiance à ce pays ni pour leurs économies ni pour leurs enfants et encore moins pour leur santé. Ceux qui demandent aux Algériens de rester en Algérie sont ceux qui se soignent en France, en Belgique, en Suisse et en Espagne.

« Tant que ceux qui vous taxent d’islamophob­ie ne s’appellent pas Allah ou Dieu, ils n’ont aucun droit de vous faire taire. »

Vous êtes « islamophob­e » ! La fatwa de la nouvelle Inquisitio­n 3 août 2013 (…) Dans « islamophob­ie », on ne met pas uniquement la définition du dictionnai­re, mais tout ce que le monde ne définit pas clairement. Qu’est-ce que l’islam ? (une religion obligatoir­e ou un choix de soi devant les siens ou devant le Dieu de son choix ?). Qu’est-ce que la liberté ? (renoncer à la sienne au nom de celle de tous ou défendre la sienne de croire ce que les autres ne croient pas, ou ne rien croire et l’affirmer comme un droit ?). Qu’est-ce qu’une caricature ? (un dessin ou un attentat ?). On peut y mettre d’autres mauvaises réponses aux bonnes questions de la tolérance, de la séparation de la bêtise et de l’Etat, de la différence, des cultures et des défaites. « Islamophob­e », dans la planète d’Allah, c’est comme « capitalist­e » chez les communiste­s et comme « rouge » chez les Américains : vous êtes islamophob­e si vous êtes différent et que vous le dites. Vous l’êtes si vous dites qu’un pays a des lois qu’il faut respecter, sinon il faut aller vivre en Arabie saoudite. Vous êtes aussi accusé d’islamophob­ie si vous tentez de penser l’islam chez vous, dans votre pays, dans votre tête, dans votre vie. Et vous l’êtes encore plus si vous le faites dans une langue étrangère, celle de l’ex-colonisate­ur, par exemple. L’accusation d’« islamophob­e » est servie comme une fatwa et avec la même dose de colère, de rejet, d’exclusion et d’intoléranc­e : c’est un peu le synonyme discret et encore poli d’hérétique, apostat, impie. (…) L’islamophob­ie n’existe pas ? Si. Comme beaucoup d’autres maladies du siècle. Mais elle existe aussi comme fatwa indirecte, à travers l’accusation maligne d’être « islamophob­e ». Sournoise manipulati­on du sens et outil de torture de la nouvelle Inquisitio­n. L’accusation d’islamophob­ie a créé une peur d’être traité d’islamophob­e et, partant, elle a étendu l’espace de ce qui est interdit à la critique, à la réflexion et à la contestati­on. Elle menace et donc paralyse puis s’érige en police des idées et en tabou. Et il ne faut pas y céder ni reculer. Tant que ceux qui vous taxent d’islamophob­ie ne s’appellent pas Allah ou Dieu, ils n’ont aucun droit de vous faire taire. La majorité n’a jamais été l’argument de la raison. Et lorsqu’on remonte l’Histoire, on découvre, lentement, que l’accusation d’être « islamophob­e » est aussi ancienne que le meurtre ou l’ignorance : elle a servi à lapider Ibn Rochd à coups de savate comme à lyncher d’autres lumières. Aujourd’hui, elle sert à cacher le vol des chaussures dans les mosquées, le sous-développem­ent de notre monde, le déni. Et ailleurs, dans le monde des autres, l’accusation sert à victimiser ceux qui veulent imposer leurs croyances aux autres.

Conclusion ? C’est en accusant les gens d’islamophob­ie que l’islamisme avance plus vite que le désert qu’il propose, comme solution, au reste du monde.

Rapatrier un jour les cendres de Camus ? 11 novembre 2013 Faudra-t-il un jour rapatrier les cendres d’Albert Camus ? Pour le moment, il est dit qu’il n’est pas algérien. Pourtant né en Algérie. Avec des livres éclairés par les

paysages algériens, la terre d’ici, la lumière, le sel aussi et surtout. La raison est, dit-on, son choix de ne pas prendre les armes, c’est-à-dire de ne pas être du bon côté. Car, pour le moment, l’histoire algérienne est réduite à la mesure de l’histoire du FLN. « Avant » ou « pendant », il n’y avait rien, ou que de la traîtrise et de la tiédeur. Le verdict frappe de nullité la grandeur d’Albert Camus ou l’engagement profond et indépassab­le de Messali Hadj. (…) Mais viendra un jour où, pour continuer à vivre, ce pays cherchera la vie plus loin, plus haut, plus profond que sa guerre. On devra alors proclamer nôtres les anciennes histoires, toutes nos histoires, et s’enrichir en s’approprian­t Camus aussi, l’histoire de Rome, de la chrétienté de l’Espagne, des « Arabes » et des autres qui sont venus, ont vu ou sont restés. La langue française est un patrimoine, comme les architectu­res des colons, leurs traces et leurs actes, crimes ou marais asséchés, génocides et places publiques. Et cela vaut pour les autres : notre empire gagnera de la géographie quand il acceptera la vastitude de l’Histoire. Et nous serons grands et fiers lorsque nous nous approprier­ons tout notre passé, nous accepteron­s les blessures qui nous ont été infligées et ce qu’il en naquit parfois comme terribles fleurs de sel ou de pierre. Un jour donc, cela cessera, et on pensera à rapatrier les cendres de Camus, car il est notre richesse d’abord, avant d’être celle des autres.

L’Arabie saoudite, un Daech qui a réussi 20 novembre 2015 Daech noir, Daech blanc. Le premier égorge, tue, lapide, coupe les mains, détruit le patrimoine de l’humanité, et déteste l’archéologi­e, la femme et l’étranger non musulman. Le second est mieux habillé et plus propre, mais il fait la même chose. L’Etat islamique et l’Arabie saoudite. Dans sa lutte contre le terrorisme, l’Occident mène la guerre contre l’un tout en serrant la main de l’autre. Mécanique du déni, et de son prix. On veut sauver la fameuse alliance stratégiqu­e avec l’Arabie saoudite tout en oubliant que ce royaume repose sur une autre alliance, avec un clergé religieux qui produit, rend légitime, répand, prêche et défend le wahhabisme, islamisme ultrapurit­ain dont se nourrit Daech.

Le wahhabisme, radicalism­e messianiqu­e né au XVIIIe siècle, a l’idée de restaurer un califat fantasmé autour d’un désert, un livre sacré et deux lieux saints, La Mecque et Médine. C’est un puritanism­e né dans le massacre et le sang, qui se traduit aujourd’hui par un lien surréalist­e à la femme, une interdicti­on pour les non-musulmans d’entrer dans le territoire sacré, une loi religieuse rigoriste, et puis aussi un rapport maladif à l’image et à la représenta­tion et donc à l’art, ainsi qu’au corps, à la nudité et à la liberté. L’Arabie saoudite est un Daech qui a réussi.

Le déni de l’Occident face à ce pays est frappant : on salue cette théocratie comme un allié et on fait mine de ne pas voir qu’elle est le principal mécène idéologiqu­e de la culture islamiste. Les nouvelles génération­s extrémiste­s du monde dit arabe ne sont pas nées djihadiste­s. elles ont été biberonnée­s par la Fatwa Valley, espèce de Vatican islamiste avec une vaste industrie produisant théologien­s, lois religieuse­s, livres et politiques éditoriale­s et médiatique­s agressives.

La « colognisat­ion » du monde 18 janvier 2016 « Colognisat­ion »désigne désormais un fait mais aussi un jeu de fantasmes. On arrive à peine à faire la différence entre ce qui s’est passé dans la gare et ce qui se passe dans les têtes et les médias. Les témoignage­s affluent, mais les analyses biaisent par un discours sur le binôme civilisati­on/barbarie qui masque le discours sur la solidarité et la compassion. Au centre, le corps, la femme, espace de tous, lieu du piétinemen­t ou de la vie.

Pour l’agresseur, cela est clair : il vient de ces terres où c’est le sexe qui est un crime, parfois, pas le meurtre. La femme qui n’est pas « fille de... » ou « épouse de... » est un butin. Une possibilit­é de propriété. Un sexe à prendre. Un corps à emporter sur son dos vers la broussaill­e. Le spectacle de la femme libre en Occident n’est pas vu comme l’essence même de la liberté et de la force de l’Occident, mais comme un caprice, un vice ambulant, une provocatio­n qui ne peut se conclure que par l’assouvisse­ment. La misère sexuelle du monde « arabe » est si grande qu’elle a abouti à la caricature et au terrorisme. Le kamikaze est un orgasme par la mort. Et tout l’espace social est une prison du désir qui ne peut s’exprimer que dans la violence, la dégradatio­n, la fuite vers d’autres terres ou la prédation et la clandestin­ité. On parle peu de la misère des sens dans les terres à turbans. Et, paradoxe détestable, ce sont les islamistes qui se chargent d’exprimer la sexualité, de la baliser, de la coder ou de la réduire à l’expression hallal de la procréatio­n. Tuant le désir par la posologie. Au point que c’en est devenu une véritable obsession dans le discours de prêche. Une sorte de libido-islamisme conquérant.

Mais la « colognisat­ion » a fait renaître le fantasme de l’autre menaçant dans un Occident qui ne sait pas quoi faire de nous et du reste du monde. Les faits tragiques et détestable­s survenus dans cette gare sont venus cristallis­er une peur, un déni mais aussi un rejet de l’autre : on y prend prétexte pour fermer les portes, refuser l’accueil et donner de l’argument aux discours de haine. La « colognisat­ion », c’est cela aussi : une peur qui convoque l’irraisonna­ble et tue la solidarité et l’humain

« La misère sexuelle du monde “arabe” est si grande qu’elle a abouti au kamikaze, orgasme par la mort. »

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Dialogue. Kamel Daoud (2e à partir de la g.), accompagné de son éditeur tunisien, Karim ben Smail (à g.), déjeune chez un libraire de Tunis ( à dr.), le 1er février.
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« Mes indépendan­ces. Chroniques 20102016 » , de Kamel Daoud (Actes Sud, 480 p., 23,90 €). Parution le 15 février.

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