Le Point

Le contrat du siècle

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« Sa mort l’a fait connaître, il peut revenir

maintenant. » Cette formule de Sacha Guitry s’applique assez bien à François Fillon, dont on ne sait encore si la révélation de ses turpitudes sera son tombeau politique ou l’occasion d’un nouveau départ. Quoi qu’il en soit, à force d’ouvrir tous les tiroirs de l’affaire – il est vrai consternan­te –, on en oublierait presque ce qui se joue en 2017, entre le 7 mai en France et le 24 septembre en Allemagne. Car oui, les élections chez notre voisin sont aussi un peu les nôtres. Et inversemen­t. Pour la première fois depuis longtemps, les planètes seront peut-être alignées pour commencer à élaborer un « new deal ». La France essaierait de se montrer enfin sérieuse et fiable, notamment en effectuant les réformes nécessaire­s de son marché du travail et de ses finances publiques. Et en prenant (un peu plus) sa part dans l’accueil des réfugiés. L’Allemagne, elle, lâcherait un peu de lest en investissa­nt à nouveau, histoire de faire profiter tout le continent de sa bonne fortune. La clé de la réussite de l’Europe, tant politique qu’économique, réside dans cet accord global, qui pourrait aussi inclure la défense. Ce serait un nouveau départ dans le siècle pour ce continent dont Donald Trump prédit – un peu vite ? – qu’il va sortir de l’Histoire. Côté allemand, les incertitud­es sont grandes sur le plan électoral. Les scénarios de coalition sont multiples, mais les deux grands favoris pour la chanceller­ie – Angela Merkel et Martin Schultz – ne sont a priori pas hostiles au principe d’un tel « new deal ». Côté français, tout est plus périlleux, car le clan des séparatist­es est fort. Son premier représenta­nt est Marine Le Pen, qui reste – plus timidement, mais tout de même – sur une trajectoir­e de sortie de l’euro. Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon ne vont pas jusque-là, mais ils font partie, eux, des « argent-du-beurristes » : zéro réforme de notre côté, mais à nous, tout de même, l’argent de Berlin… Un joli braquage. Veulent-ils réoccuper la Ruhr, comme en 1923 ? Cela avait si bien marché… Nous saurons donc, le 7 mai, si nous avons une chance et, à l’automne, avec qui nous pourrons traiter. Tirez les premiers, messieurs les Français…

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