La police débordée ?
Entre dysfonctionnements hiérarchiques et inexpérience, le quotidien des policiers à Aulnay-sous-Bois.
Pendant que la banlieue parisienne est sous tension, le business continue. Aux entrées de la Cité des 3 000, à Aulnay-sous-Bois, les guetteurs, oreillettes vissées, mains dans les poches, dévisagent les inconnus qui ne marquent pas l’arrêt pour s’approvisionner en shit. Le 2 février, l’interpellation musclée de Théodore L., 21 ans, surnommé « Théo », a fixé les projecteurs sur le quartier. Les forces de l’ordre, elles, se tiennent à bonne distance du trafic, concentrées autour du centre commercial fraîchement tagué « Nique la police ».
Ce fameux 2 février, c’est la brigade spécialisée de terrain (BST) qui intervient. Une unité créée pour succéder à la police de proximité, très active sur le terrain. « Il s’agissait de contrôler un individu connu comme dealer qui criait “Pu ! Pu ! Pu !” quand il voyait arriver nos collègues », rappelle un officier. Les BST sont composées de policiers volontaires, ils vont au contact pour faciliter les descentes antistups. « Aux 3 000, on ne compte pas moins d’une dizaine de points de deals. Quand ça dégénère, c’est parce que notre travail dérange », jure un officier.
Pourtant, en Seine-Saint-Denis, l’environnement institutionnel est un peu bancal. Le patron de la police, en fonctions depuis septembre 2015, enchaîne les problèmes de santé et, de ce fait, est peu présent. Serge Castello, son prédécesseur, avait protesté en haut lieu quand il fut dépouillé de ses brigades anticriminalité, très réactives pour juguler la délinquance du quotidien. Ce qui lui coûta sa place. Le responsable du Renseignement, quant à lui, est défavorablement connu de la justice après une condamnation en 2013 pour détournement de fonds. Le commissaire d’Aulnay-sousBois, lui, avait été condamné en 2008 à un an de prison avec sursis et à un an de suspension pour avoir laissé ses effectifs tabasser et humilier un délinquant routier. L’homme avait été retrouvé avec un cerceau d’enjoliveur dans les fesses. Le 2 février, le commissaire était absent d’Aulnay, il enterrait sa tante. « Que d’amalgames ! proteste un ponte de la préfecture de police de Paris, laquelle gère la sécurité en Seine-Saint-Denis. C’est un département difficile et ces hauts fonctionnaires ou