La France des bagnes
Histoire. Voilà un maître ouvrage. Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les galères, les colonies portuaires, les bagnes, les camps de redressement militaires en Afrique du Nord (Biribi), les maisons de correction agricoles pour enfants (Mettray, Val-d’Yèvre…). Michel Pierre, spécialiste de longue date, brosse avec bonheur le récit instructif de cette histoire française de l’enfermement. Pour rappel, quelques dates-tournants.
1748 Louis XV signe l’ordonnance qui clôt deux siècles de galères royales utilisées pour les combats maritimes. Cet emploi est obsolète, et Marseille, capitale des galériens, cède le pas à des bagnes portuaires – Toulon, Brest, Le Havre…
1836 La dernière chaîne de bagnards relie Paris à Toulon. On s’indigne du coût de ces prisonniers, de l’inefficacité de la peine, de la promiscuité avec les habitants des villes.
1851 Une commission, avec l’aval du futur Napoléon III, qui s’inspire du modèle anglais avec l’Australie, désigne la Guyane comme lieu d’implantation du bagne. Sous la Révolution, des politiques y avaient déjà été transportés. Jusque-là sous l’autorité de la marine, les bagnes (la Nouvelle-Calédonie s’y ajoute) passent sous le contrôle du ministère des Colonies.
Juin 1938 Le gouvernement Daladier prend un décret-loi abolissant le bagne, qui ternit la réputation de la France. La conséquence aussi d’une décennie de scandales et de campagnes de presse où s’étaient illustrés Mac Orlan, Alexis Danan, Albert Londres…
« Le temps des bagnes. 1748-1953 », de Michel Pierre (Tallandier, 500 p., 23 €).