Le mirage d’une nouvelle pilule contre la ménopause
Les femmes méritent mieux que ça. Une nouvelle pilule contre les méfaits de la ménopause est commercialisée en France. Dénommée Duavive, elle ne peut être délivrée que sur ordonnance, mais n’est pas remboursée. La ménopause signe l’arrêt de la fécondité féminine : les ovaires cessent de sécréter deux hormones, la progestérone et l’oestrogène. Des troubles apparaissent, plus ou moins vifs, principalement des bouffées de chaleur, des réveils nocturnes, une sécheresse vaginale, des troubles de l’humeur et plus tard une possible fragilité osseuse. Des traitements hormonaux substitutifs de la ménopause ont donc été promus durant les années 1990, mais, la preuve étant faite en 2002 qu’ils augmentaient le risque de cancer du sein, de l’utérus et d’accidents cardio-vasculaires graves, ils ont été jetés aux oubliettes, sauf pour quelques femmes présentant des troubles particulièrement gênants. Venant des EtatsUnis, un nouveau médicamentestdésormaisdisponible. Sa composition complexe, comprenant des oestrogènes et un modulateur de ceux-ci, le bazédoxifène, obéit à un double objectif : préserver les effets positifs des oestrogènes sur les symptômes désagréables de la ménopause et sur les os sans augmenter le risque de cancers mammaires et utérins. Sur le papier, c’est idéal. Mais l’hypothèse du bazédoxifène réduisant les risques des oestrogènes n’est pas démontrée.
La pilule doit être prise tous les jours, perpétuellement. Or la sécurité à long terme de cette nouveauté est inconnue. Des thromboses veineuses, des embolies pulmonaires et des accidents vasculaires cérébraux pourraient survenir. On ne sait pas dans quelle mesure cette association moléculaire augmente le risque de cancers hormonodépendants (sein, ovaire, utérus). Quant aux bénéfices immédiats, ils sont faibles : quelques effets sur les bouffées de chaleur, aucun sur les symptômes vaginaux.
La puissante et respectable association américaine à but non lucratif Public Citizen’s Health Research Group – première à sonner l’alerte au début des années 2000 contre l’antidouleur Vioxx, responsable de 30 000 morts et accidents cardiaques aux Etats-Unis avant d’être tardivement retiré de la vente – recommande de ne pas utiliser Duavive. En France, la revue indépendante Prescrire, destinée aux médecins et pharmaciens, vient de prendre la même position
ON NE SAIT PAS DANS QUELLE MESURE CETTE ASSOCIATION MOLÉCULAIRE AUGMENTE LE RISQUE DE CANCERS.