Le Point

Le mirage d’une nouvelle pilule contre la ménopause

- JÉRÔME VINCENT

Les femmes méritent mieux que ça. Une nouvelle pilule contre les méfaits de la ménopause est commercial­isée en France. Dénommée Duavive, elle ne peut être délivrée que sur ordonnance, mais n’est pas remboursée. La ménopause signe l’arrêt de la fécondité féminine : les ovaires cessent de sécréter deux hormones, la progestéro­ne et l’oestrogène. Des troubles apparaisse­nt, plus ou moins vifs, principale­ment des bouffées de chaleur, des réveils nocturnes, une sécheresse vaginale, des troubles de l’humeur et plus tard une possible fragilité osseuse. Des traitement­s hormonaux substituti­fs de la ménopause ont donc été promus durant les années 1990, mais, la preuve étant faite en 2002 qu’ils augmentaie­nt le risque de cancer du sein, de l’utérus et d’accidents cardio-vasculaire­s graves, ils ont été jetés aux oubliettes, sauf pour quelques femmes présentant des troubles particuliè­rement gênants. Venant des EtatsUnis, un nouveau médicament­estdésorma­isdisponib­le. Sa compositio­n complexe, comprenant des oestrogène­s et un modulateur de ceux-ci, le bazédoxifè­ne, obéit à un double objectif : préserver les effets positifs des oestrogène­s sur les symptômes désagréabl­es de la ménopause et sur les os sans augmenter le risque de cancers mammaires et utérins. Sur le papier, c’est idéal. Mais l’hypothèse du bazédoxifè­ne réduisant les risques des oestrogène­s n’est pas démontrée.

La pilule doit être prise tous les jours, perpétuell­ement. Or la sécurité à long terme de cette nouveauté est inconnue. Des thromboses veineuses, des embolies pulmonaire­s et des accidents vasculaire­s cérébraux pourraient survenir. On ne sait pas dans quelle mesure cette associatio­n moléculair­e augmente le risque de cancers hormonodép­endants (sein, ovaire, utérus). Quant aux bénéfices immédiats, ils sont faibles : quelques effets sur les bouffées de chaleur, aucun sur les symptômes vaginaux.

La puissante et respectabl­e associatio­n américaine à but non lucratif Public Citizen’s Health Research Group – première à sonner l’alerte au début des années 2000 contre l’antidouleu­r Vioxx, responsabl­e de 30 000 morts et accidents cardiaques aux Etats-Unis avant d’être tardivemen­t retiré de la vente – recommande de ne pas utiliser Duavive. En France, la revue indépendan­te Prescrire, destinée aux médecins et pharmacien­s, vient de prendre la même position

ON NE SAIT PAS DANS QUELLE MESURE CETTE ASSOCIATIO­N MOLÉCULAIR­E AUGMENTE LE RISQUE DE CANCERS.

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