Le Point

Une hausse des loyers inférieure à l’inflation

- PAGE DIRIGÉE PAR LAURENCE ALLARD

Il y a des idées qui ont la vie dure. Si, pendant longtemps, les loyers ont augmenté plus vite que l’inflation, ce n’est plus le cas depuis onze ans. « La reprise de l’activité depuis le début de l’année se fait sans tensions sur les loyers », constate Michel Mouillart, professeur d’économie à l’université Paris Ouest et directeur scientifiq­ue de l’observatoi­re des loyers Clameur. « Nous tablons sur une hausse moyenne de 1 % en 2017. » Mais tous n’augmentent pas. 60 % des loyers affichent même sur les deux premiers mois de l’année une baisse de 0,6 % par rapport à janvier-février 2016. La correction touche de nombreuses villes comme Marseille, Nice, Bordeaux, Grenoble, Angers, Saint-Etienne, Le Havre, Rennes et même Paris ( tableau). Les loyers ne profitent donc pas de la reprise de l’activité constatée en ce début d’année. La raison ? L’accession à la propriété des locataires les plus aisés, du fait des taux bas des crédits, se traduit par une baisse du pouvoir d’achat des candidats à la location ou à la relocation. Alors que l’hiver y est généraleme­nt peu propice, les Français ont en effet davantage déménagé ces deux derniers mois qu’en 2016. « La reprise constatée depuis trois ans a été élevée presque partout, sauf dans les régions Lorraine et Limousin. Elle est également très peu perceptibl­e en Ile-deFrance, où le taux de mobilité reste, comme à Paris, faible », relève Michel Mouillart. Conséquenc­e : après le pic de 2013, la vacance locative se réduit, retrouvant son niveau de 2010. L’offre est même insuffisan­te dans de nombreux endroits. « Chronique, le déficit de logements par rapport aux années 1998-2008 atteint désormais 12 % à Paris. » Tout aussi grave, le manque de perspectiv­e à la hausse conduit les propriétai­res à différer les travaux. Seuls 20 % des biens en bénéficien­t avant relocation. « C’est le taux le plus bas des vingt dernières années. Cela augure une baisse de la qualité des logements et rend l’applicatio­n de la loi de transition énergétiqu­e difficile dans le parc privé », met en garde Michel Mouillart. D’autant que s’y ajoute l’effet psychologi­que négatif de l’encadremen­t des loyers appliqué à Paris et, depuis le 1er février, à Lille. « Le ralentisse­ment de la progressio­n des loyers depuis 2000 enlève toute justificat­ion à la mesure », en conclut-il

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