Bruno Retailleau, le M. Loyal de Fillon
Avant l’affaire, on l’installait volontiers à Matignon en cas de victoire de François Fillon. Depuis que le candidat de la droite est entré dans une zone de turbulences, les regards se tournent vers lui quand il faut trouver une explication à la « radicalisation » – c’est le mot de ses détracteurs – filloniste. Bruno Retailleau, patron du groupe des sénateurs LR, ancien disciple de Philippe de Villiers et partisan revendiqué d’une droite attentive aux questions identitaires et régaliennes, a le mérite d’avoir tenu dans la tempête. Si bien qu’à présent il est le seul politique dans les réunions de la garde rapprochée autour du candidat. D’une loyauté à toute épreuve, le quinqua semble avoir trouvé en Fillon son candidat idéal, le seul prêt à assumer un véritable projet de société libéral-conservateur, fondé à la fois sur le
Et, tandis que les centristes de l’UDI retirent leur soutien au candidat de la droite, autour de lui se serrent deux tendances : l’une, conservatrice ; l’autre, opportuniste, qui, ensemble, refusent d’assister, impuissantes, au retour du modéré Juppé. Fillon les a remontées contre les juges, contre la presse, contre la nuance, et il a fait mine de leur confier les clés de la suite de son aventure. En liant son destin à la réussite du « grand rassemblement populaire du Trocadéro » , organisé en partie par Sens commun, dimanche 5 mars, il envoie un message limpide. Les élus ? « On fera sans » , dit-il. Seul le peuple (de droite) peut légitimement lui dicter sa conduite. Sa survie, la préservation de sa candidature lui appartiennent. Et la bataille de chiffres – 40 000 personnes présentes place du Trocadéro, selon les sources policières, 200 000, selon Bruno Retailleau – n’y changera rien. Tout comme les propos de Juppé sur ces « militants
radicalisés » ou la pique balancée, micro fermé, par ce maire LR tendance moderniste : « Au Troca, je vois les amis de Sarkozy, les cathos et les fachos. »
La droite centro-modérée peut bien brailler, s’insurger, Fillon a une certitude. Après sa victoire à la primaire de la droite, il a eu une conversation avec son vieux compagnon de route Jean de Boishue. « La théorie de Jean, nous avait-il rapporté, c’est que les Français ont besoin et attendent un président de la République qui soit provincial, conservateur, ce n’est pas idiot ! » A l’époque, il disait cela l’air de rien, manifestement ravi qu’on ait défini pour lui le président qu’il pourrait être. Fillon n’a rien d’un idéologue. Aujourd’hui, ces mots le rassurent, le confortent dans l’idée de s’adresser à une droite viscéralement attachée aux valeurs et à l’identité françaises, une droite qui le soutiendra toujours tant il est, pense-t-il, le seul aujourd’hui chez Les Républicains à incarner la France. Le seul, comme l’observe souvent le président de la région Pays de la Loire, Bruno Retailleau, « à marcher sur ses deux jambes, le déclassement économique, d’un côté, et la dépossession identitaire, l’insécurité culturelle, de l’autre » . Pas question, donc, d’assouplir la ligne qui lui a offert la victoire à la primaire. Pas question d’assouplir la ligne « sous peine de voir partir
« Au Troca, je vois les amis de Sarkozy, les cathos et les fachos. » Un maire Les Républicains