Le Point

Les animaux politiques racontés par FOG

Cruauté. Dans « Le théâtre des incapables » (Albin Michel), Franz-Olivier Giesbert dresse un étourdissa­nt tableau du pouvoir.

- ÉTIENNE GERNELLE

Pour un peu, on le croirait au milieu de ses amis les veaux, les chèvres et les brochets. Parler de politique avec Franz-Olivier Giesbert, grand défenseur de la cause des animaux, c’est assister à un cours de sciences naturelles. La méthode est d’ailleurs la même : venir se planter au coeur de l’écosystème, les pieds dans la bouse et le nez dans le ruisseau si besoin.

A l’heure où de nombreux commentate­urs exercent doctement depuis leur canapé, devant leur téléviseur, le pouce sur leur applicatio­n Twitter, crachant leur bile de loin, bien à l’abri des retours de bâton et surtout de la vérité, il en est de rares qui savent que l’ignorance n’ a jamais rendu quiconque indépendan­t. FOG connaît son sujet – ses sujets – de près. C’est ce qui l’autorise, lui, à taper à bout portant et lui permet d’éviter – en bon connaisseu­r des ovidés – le moutonnism­e.

Des éditoriaux du Point et une longue introducti­on constituen­t son « Théâtre des incapables », une histoire du présent en forme de fable, drôle et érudite, dans laquelle l’auteur ne prend pas la précaution de remplacer les noms des nuls, des ridicules et des fous par des animaux. Voici donc Sarkozy, Hollande, Fillon, Le Pen, Macron, mais aussi Trump, Obama, les apôtres du chavisme, ceux du parti du Bien, et tant d’autres, sous le double regard de la zoologie et de l’Histoire. Un livre-avertissem­ent sous le signe de Lewis Carroll, qui écrivait dans « Alice au pays des merveilles » : « Il venait de se passer tant de choses bizarres qu’elle en arrivait à penser que fort peu de choses étaient vraiment impossible­s. »

 ??  ?? A bout portant. Franz-Olivier Giesbert et François Hollande à la Sorbonne, début avril 2014.
A bout portant. Franz-Olivier Giesbert et François Hollande à la Sorbonne, début avril 2014.

Newspapers in French

Newspapers from France