Le Point

AU COEUR DE LA CAPITALE, UN LIEU TRÈS SECRET

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lement aménagée afin d’assurer son passage dans la classe supérieure. « Ce sont des calomnies, estime le professeur Kawao Kotaro. Il n’existe aucun traitement particulie­r pour les membres de la famille impériale. Autrefois, l’empereur Akihoto a même redoublé chez nous. » Il n’empêche, Aiko, comme sa mère, préoccupe l’entourage.

Face aux aléas du prochain règne, l’empereur Akihito, pourtant atteint d’un cancer de la prostate, fait figure de socle. « Il a visité les 40 léproserie­s du pays et a serré la main de tous les patients », s’extasie l’historien Akinori Takamori, de l’université Kokugakuin. Et, même s’il réduit son activité, l’octogénair­e intronisé il y a vingtsix ans poursuit ses sorties. Ce matin, il se rend dans un cimetière de Tokyo pour y prier. Maromu Ito, cravaté, un cartable à la main, attend son passage, prévu à 10 h 35. Il travaille dans le grand quotidien Sankei Shimbun et couvre les affaires impériales depuis deux ans. « Vous verrez, il passera à l’heure », dit-il. De fait, une Toyota noire escortée de deux motards et d’un véhicule de l’agence s’apprête à franchir les grilles du palais à la minute près. La vitre est baissée. Seule l’impératric­e Michiko détourne la tête et adresse un signe de la main. L’empereur se tient immobile, calé au fond du siège, le visage fermé. « Il fait de plus en plus d’efforts pour entrer dans la voiture », constate le journalist­e. Le week-end, le monarque se promène pourtant dans les jardins impériaux et aime nourrir ses carpes près d’une bambousera­ie. Il regagne ensuite le palais et ses vastes pièces obscures. Car l’empereur a une manie : il déteste gaspiller l’électricit­é. « Il éteint toutes les lumières sur son pass age, raconte un familier. Après la catastroph­e de Fukushima, il tenait même des réunions à la bougie. »

Un souci d’économies qui désespère les fournisseu­rs de la maison impériale. C’est le cas de l’orfèvre Miyamoto Shoko, situé dans le quartier chic de Ginza. «A force de frotter leur vaisselle, les armoiries disparaiss­ent, raconte le responsabl­e du magasin. On leur a proposé de la renouveler moyennant un rabais, eh bien ils ont refusé ! » Même constat désabusé chez le maroquinie­r de luxe Tanizawa, à deux pas de là. « L’empereur nous donne à réparer sa valise en peau de cochon, mais il n’entend pas en changer », se plaint un vendeur désireux de promouvoir sa marque à la faveur d’un achat impérial. Le prince héritier ? « C’est pire, il nous a acheté une sacoche au moment de ses études et on ne l’a plus revu. »

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Le Kokyo, ou palais impérial de Tokyo, se niche dans un îlot de verdure. Seuls les jardins de l’Est sont ouverts au public.

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