Hollande, le président minoritaire
On pourra tout dire de François Hollande, sauf qu’il n’a jamais été conscient des difficultés et des pesanteurs du pays. Quitte à choquer, je dois à la vérité de dire que j’ai toujours été frappé par sa lucidité, non dénuée de cruauté.
La scène se passe pendant une réception à l’Elysée, le 20 septembre 2012. Après la remise du prix de l’Audace créatrice à une entreprise française innovante, François Hollande fond parmi les invités et me prend à part :
« Qu’est-ce qui t’arrive ? Pourquoi Le Point mène-t-il campagne contre moi ?
– Le Point ne mène jamais campagne, ce n’est pas le genre de la maison.
– Te rends-tu compte de l’extrême violence des unes, des articles, de tes éditoriaux ?
– C’est parce que nous considérons que tu fais une mauvaise politique, alors que tu aurais pu prendre le taureau par les cornes et essayer de régler tout de suite les problèmes qui se posent au pays et que tu as identifiés depuis longtemps, contrairement à beaucoup d’autres. En matière de dépenses publiques, notamment. »
En guise de réponse, François Hollande sourit, puis, avant de disparaître dans la foule :
« Je ne peux pas te donner complètement tort. »
Je restai bouche bée. Tel est François Hollande : il ne se départ jamais d’un mélange de sagacité et de discernement. Pendant la plus grande partie de son quinquennat, il aura pourtant incarné, aux yeux des Français, le politicien incapable par excellence. Dans le genre, même s’il y a beaucoup à dire, ce ne fut pourtant pas le pire, il s’en faut.
Si Hollande a pu donner cette image désolante, c’est parce qu’il n’a jamais eu de majorité à l’Assemblée nationale. Le ver était, si j’ose dire, dans le fruit avant son élection à la présidence, dès l’accord du PS avec les Verts,