DANEMARK 1999 VIVE LA FLEXISÉCURITÉ
meurs. Pis, l’institution vient de falsifier ses statistiques. C’est le point de départ des réformes Hartz. L’ex-DRH de Volkswagen regroupe une quinzaine de personnalités, aux profils très différents : syndicalistes, grands patrons, consultants, universitaires, responsables politiques issus des deux grands partis… Pour éviter les querelles d’ego, le dilettantisme et garantir la confidentialité des débats, Hartz ne choisit pas des responsables de premier plan. Après six mois de travail, le rapport Hartz est remis à Schröder… qui tombe des nues. Les propositions sont bien plus radicales que celles qu’il imaginait : les syndicats acceptent de baisser les salaires et de créer plus de flexibilité. Quant aux patrons, ils s’engagent à recruter en masse.
En matière de réforme, la pédagogie et le consensus ne suffisent pourtant pas. Il faut aussi innover et inventer. Et, dans ce domaine, les réformes danoises et néo-zélandaises sont spectaculaires. Au début des années 1990, le système de santé néo-zélandais est lui aussi en faillite. Même si l’économie nationale est largement libéralisée et que le modèle social est très libéral (retraite par capitalisation, fonction publique allégée, etc.), le système de santé, lui, est étatisé. La santé est gratuite. Mais inefficace et très coûteuse. Le Premier ministre, Roger Douglas, propose de remettre le système de soins entièrement à plat avec une philosophie nouvelle : il explique à ses concitoyens qu’il ne faut plus parler de « droits » mais de « devoirs » . Il décentralise totalement le système de santé. Chaque hôpital, chaque médecin, mais aussi les patients sont responsabilisés. Chaque assuré souscrit une assurance-santé auprès d’une compagnie privée en faisant jouer la concurrence en échange de réductions d’impôts (l’assurance des plus pauvres, des retraités ou des sans-emploi étant prise en charge par l’Etat). En clair, l’Etat ne joue plus son rôle que pour ceux qui ont réellement besoin de solidarité. C’est un succès.
Nouveau contrat. Au Danemark, la trouvaille s’appelle « flexisécurité ». Ce n’est pas un politique créatif qui a inventé ce terme obscur pour la première fois, mais un fonctionnaire du ministère du Travail. Dans une étude qui recense plusieurs scénarios pour sortir du chômage de masse (12 % de la population active à la fin des années 1990), il évoquait un nouveau modèle de contrat de travail révolutionnaire pour le pays. Alors au pouvoir, le social-démocrate Poul Nyrup Rasmussen s’empare du concept et le popularise en promettant à ses concitoyens la chose suivante : « Je ne peux garantir aux travailleurs qu’ils auront toujours le même travail, personne ne le peut d’ailleurs. En revanche, je peux leur garantir que je me battrai pour qu’ils aient un emploi toute leur vie. » La réforme est douloureuse : les employeurs peuvent licencier beaucoup plus facilement. Mais l’essentiel des droits sociaux (assurance chômage, retraite, etc.) est préservé. Le succès est vite au rendez-vous : le chômage baisse rapidement et de manière spectaculaire. Cette réforme permet au Danemark d’engager d’innombrables autres chantiers. A tel point que le pays semble