Le Point

Marc Ferracci : « Notre méthode, c’est l’équilibre entre les droits et les devoirs »

Ce proche d’Emmanuel Macron défend la méthode réformiste du candidat.

- PROPOS RECUEILLIS PAR MARC VIGNAUD

« Si Emmanuel Macron est élu, les partenaire­s sociaux auront davantage de moyens et de liberté dans les branches et dans chaque entreprise pour négocier des accords. Contrairem­ent à la loi El Khomri, qui ne figurait pas dans le programme de François Hollande et qui a pu donner aux gens le sentiment d’une tromperie, cette grande réforme est clairement annoncée. Mais cela ne nous dispense pas de bien préparer les choses : les syndicats et le patronat doivent avoir leur mot à dire dans le cadre d’une concertati­on pour amender et renforcer les mesures que l’on propose, le diable se cachant souvent dans les détails. Notre projet est aussi beaucoup plus équilibré que la loi Travail dans sa première version. Elle instaurait beaucoup de flexibilit­é et très peu de protection­s : le compte personnel d’activité était une coquille vide. Macron veut créer des droits nouveaux en ouvrant l’assurance chômage aux indépendan­ts et aux démissionn­aires tout en renforçant le droit à la formation profession­nelle, en particulie­r pour les chômeurs. Autre exemple : nous allons plafonner les indemnisat­ions de licencieme­nt aux prud’hommes tout en découragea­nt les comporteme­nts abusifs en matière de licencieme­nt. Pour cela, nous allons créer un système de bonus-malus destiné à fa- voriser les contrats stables. Notre méthode, c’est donc l’équilibre entre les droits et les devoirs, entre la souplesse nécessaire aux employeurs et la protection pour les salariés. Enfin, pour créer du consensus, l’évaluation indépendan­te des dispositif­s est primordial­e. Nos mesures pourront être amendées si elles ne sont pas jugées suffisamme­nt efficaces.

En ce qui concerne l’assurance chômage, l’Etat, jugé politiquem­ent responsabl­e du chômage, reprendra la main. Aujourd’hui, les règles de cotisation et d’indemnisat­ion du système favorisent la “permittenc­e”, c’est-à-dire la multiplica­tion des contrats courts et des allersreto­urs avec le chômage. L’Etat doit donc prendre ses responsabi­lités, ce qui ne veut pas dire forcément la nationalis­ation de l’assurance chômage. Il nous faut en tout cas cadrer plus étroitemen­t la négociatio­n des partenaire­s sociaux. »

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Marc Ferracci Professeur d’économie à Sciences po.

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