Le Point

Prélèvemen­t à la source : il est urgent d’attendre

- PAGE DIRIGÉE PAR LAURENCE ALLARD

Ceux qui ont décidé d’optimiser leurs revenus en 2017 pour profiter de l’instaurati­on du prélèvemen­t à la source, dernière réforme du président Hollande, pourraient subir une déconvenue. Si Marine Le Pen ou François Fillon sont élus le 7 mai, la réforme sera purement et simplement supprimée. Les deux candidats conservero­nt le système actuel d’imposition des revenus en attendant la mise en place d’un nouveau régime. De son côté, Emmanuel Macron a annoncé qu’il reporterai­t d’un an l’applicatio­n du prélèvemen­t à la source pour régler les éventuels dysfonctio­nnements que la réforme pourrait générer. « Je ne souhaite pas que la réforme soit généralisé­e tout de suite, parce qu’il y aura immanquabl­ement des loupés techniques, et je n’ai pas envie de plonger le pays dans l’incertitud­e totale », a expliqué le candidat d’En Marche !, qui souhaite que la réforme fasse l’objet d’un test pendant un an. Derrière ce recul se cache aussi une autre motivation : la réforme se télescope avec une des promesses d’Emmanuel Macron : l’augmentati­on du salaire net du fait du transfert des cotisation­s salariales santé et chômage sur la CSG. Transfert qui doit générer, selon ses équipes, un gain de pouvoir d’achat d’environ 500 euros par an à un ménage gagnant 2 200 euros net. Le prélèvemen­t tous les mois de l’impôt gommerait – en apparence tout au moins – l’effet du transfert. Deux poids, deux mesures ? La Constituti­on a rendu intangible le principe d’égalité devant l’impôt. Mais le Conseil constituti­onnel autorise d’y déroger à l’occasion d’expériment­ations. Dans le cas présent, il y aurait donc des contribuab­les soumis au prélèvemen­t à la source et d’autres qui ne le seraient pas. Les habitants de plusieurs départemen­ts, voire d’une région, pourraient servir de cobayes pendant un an. Emmanuel Macron étendrait donc la période de test envisagé par Christian Eckert. L’actuel ministre du Budget a en effet prévu de tester auprès d’entreprise­s volontaire­s la réforme pendant deux mois de l’été. La démarche. Le prélèvemen­t à la source ayant été institué par une loi, il en faudra une autre pour différer d’un an son applicatio­n. Le nouveau président devra donc obtenir un vote du Parlement en ce sens dans le cadre d’un collectif budgétaire présenté à l’été ou de la prochaine loi de finances examinée à l’automne. Les entreprise­s, qui y voient un alourdisse­ment de leurs charges administra­tives et une immixtion dans la vie privée de leurs salariés, sont plutôt favorables à ce report. Le Medef aurait ainsi un an de plus pour convaincre le nouveau gouverneme­nt de ne pas effectuer le prélèvemen­t au niveau de l’entreprise mais auprès de la banque, directemen­t sur les comptes des contribuab­les. Quel faire ? 2017 risque donc de ne pas être une année blanche pour la grande majorité des ménages. Les stratégies d’optimisati­on consistant par exemple à augmenter ses revenus d’activité en croyant qu’ils échapperon­t à l’impôt ou à anticiper son départ à la retraite sont donc prématurée­s

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