Emmanuel Carrère
Georges Zourabichvili, aristocrate géorgien débarqué en France après la révolution, disparaît mystérieusement en 1944. Il est le père d’Hélène Carrère d’Encausse et le grand-père d’Emmanuel Carrère. La fille supplie le petit-fils de se détourner de cette histoire. L’écrivain n’obéira pas et publiera « Un roman russe » (POL, 2007).
frontières les valeurs de la Sainte Russie, et Moscou veut démontrer qu’il existe une continuité avec ce passé. »
Dans la douce lumière de la cathédrale Nevsky, Elisabeth Obolensky secoue la tête en signe de réprobation. Jamais son père n’a accepté les invitations à l’ambassade. Et la cérémonie funéraire de Dimitri Romanov se tenant là-bas, dans cette nouvelle cathédrale voulue par l’administration poutinienne, la laisse songeuse… « De quel droit quelqu’un qui a fait partie du système soviétique comme Poutine tente-t-il de nous récupérer, alors que nos ancêtres ont été chassés et ont tout sacrifié ? Evidemment, le temps a passé, mais il est encore un peu tôt pour tout oublier… » Dans quelques mois, il faudra bien célébrer d’une manière ou d’une autre, en Russie comme en France, le centenaire de la révolution russe. Un anniversaire qui embarrasse considérablement Moscou. Le 8 février, durant cette cérémonie funéraire chantée en russe, il n’y eut, prononcée par le prêtre orthodoxe, qu’une seule phrase en français : pour déplorer la « tragédie » que fut, selon lui, 1917. Lénine s’en retournerait dans son mausolée