Mme de Staël, une libre pensée
La connaissance inutile « Un des traits qui caractérisent le parti des aristocrates en France, c’est d’avoir pour suspecte la connaissance des faits. Ces faits, qui sont opiniâtres, se sont en vain soulevés dix fois contre les espérances des privilégiés : toujours ils les ont attribués à ceux qui les
ment, comment la politique, dans sa plus large acception – philosophie, systèmes et pratiques –, se rencontrait avec les grandes questions relatives au sort des sociétés et des individus, dont elle traite dans « De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations » (1796) ou dans les « Réflexions sur le suicide » (1813). Tous ouvrages, publiés de son vivant, dont l’écho fut considérable et qui l’installèrent au firmament de la pensée européenne. Napoléon comprit si bien que cette puissance de l’esprit était sa rivale la plus redoutable qu’il s’efforça d’abord de se la soumettre en l’achetant par des faveurs, puis de l’assourdir en l’éloignant de la chambre d’écho qu’étaient Paris et même la France, allant jusqu’à faire saisir et pilonner ses écrits ; à quoi elle répondit d’abord en affirmant qu’ « il ne s’agit pas de ce que je suis mais de ce que je pense », ensuite en s’échappant en 1812 de sa résidence assignée de Coppet pour un prodigieux périple la conduisant à Londres via l’Autriche, la Russie et la Suède, où partout elle fut reçue en souveraine de la littérature et de la liberté, et dont elle a entrepris le récit superbe et demeuré inachevé dans « Dix années d’exil », paru en 1821. Elle recueillait ainsi, sur le vif, le fruit d’une sorte d’engagement européen
Elle dialogua de pair à compagnon avec Goethe, Byron, le prince de Ligne, comme avec le tsar Alexandre et Wellington.