Anne Nivat, radiographie de la France

Essai. Jusqu’ici, on l’avait plutôt croisée sur des terrains de guerre lointains, Anne Nivat, à la rencontre des soldats, et surtout des populations, tchétchène, irakienne, afghane. Mais, au lendemain de l’attaque contre Charlie, c’est aux Français qu’elle a voulu rendre visite. Faut-il y voir l’entrée de la France dans la liste des pays en guerre ? « Quand des individus munis de kalachnikov tuent, en plein Paris, des hommes ayant ri de l’islam, il y a de quoi être désarçonné », répond Nivat. Assez pour repartir, pendant deux ans, sur le terrain, le sien cette fois, celui de la « Malfrance » . Six villes moyennes (Laon, Montluçon, Laval, Ajaccio, Evreux, Lons-le-Saunier), quatre thèmes de la campagne (déclassement, chômage, malaise des jeunes, insécurité) ; bref, un journalisme à l’ancienne , en immersion, et la parole donnée à un facteur, une retraitée, un policier, une infirmière… De « vraies gens », en somme, hors partis, hors cadre médiatique, mais pas hors jeu pour autant. Entre colère, problèmes, peurs, espoir, débrouille et solidarité, leurs récits en disent long sur la France d’aujourd’hui « Dans quelle France on vit », d’Anne Nivat (Fayard, 496 p., 22 €).