Le Point

Ces soutiens qui grognent

Ils tiennent bon, mais, en privé, certains poids lourds des Républicai­ns s’énervent franchemen­t.

- PAR EMMANUEL BERRETTA

Depuis deux mois et demi, les leaders de la droite oscillent entre espoirs et doutes. Leurs profession­s de foi publiques en faveur de François Fillon s’accompagne­nt souvent de scepticism­e en privé, quand ils ne sombrent pas dans le pessimisme. « L’homme a été jugé, il faut sauver le programme ! lance Laurent Wauquiez, qui reproche à François Fillon de ne pas avoir tenu l’un de ses engagement­s. Après la crise avec Juppé, il m’a promis la direction du parti. Je ne vois rien venir et le parti, pendant ce temps, ne fait pas vraiment campagne. Quand même, ce garçon a tendance à ne pas tenir souvent ses promesses… » Réplique cinglante de Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France : « Ah oui ? Et Wauquiez, il a fait combien de meetings pour Fillon ? Moi, j’ai fait 130 réunions publiques et j’ai prévu 30 meetings d’ici au premier tour. L’in- souciance et le cynisme, c’est le pari du pire. C’est criminel ! On n’a pas le droit de se diviser ou de s’économiser. »

Christian Estrosi, de son côté, se souviendra longtemps des sifflets qu’il a dû endurer lors du meeting de François Fillon, à Toulon, vendredi 31 mars. En privé, il fulmine : « Les sifflets, passe encore dans cette campagne hystérisée. Mais que Fillon n’ait pas eu un mot pour moi, c’est pire ! » Certes, les militants font payer au président de Paca le moment de doute quand les caciques LR ont envisagé de remplacer le candidat Fillon. « A part Bruno Retailleau, on a tous eu un moment de doute, y compris François Fillon, qui a failli lâcher le manche, rectifie Xavier Bertrand. Je l’ai vu entre quatre yeux le vendredi soir qui a précédé le meeting du Trocadéro : à ce moment-là, il envisageai­t de renoncer. »

En vérité, les doutes sur le candidat Fillon au sein de la droite ont précédé la crise du Penelopega­te et subsistent aujourd’hui aussi bien sur le fond que sur la stratégie électorale. Sur le fond, le candidat Fillon a estimé qu’il avait gagné « seul » la primaire et qu’il ne devait rien à personne. Il a cru que son programme, un peu plus libéral que celui des autres candidats LR, s’imposerait aisément à sa famille politique. Il n’en a rien été. Une partie des sarkozyste­s campe toujours sur l’idée des heures supplément­aires défiscalis­ées, rejetées par Fillon, ou de massives baisses d’impôt pour rompre avec le quinquenna­t Hollande. C’est le cas de Laurent Wauquiez, mais aussi de Nadine Morano, qui ne décolère pas. « Quand j’entends François Fillon se victimiser, j’ai envie de lui mettre des claques ! cingle la députée européenne, lasse des révélation­s sur le train de vie de son candidat. Sur le terrain, on se fait engueuler par tout le monde : un tiers parce qu’on soutient Fillon, un tiers parce qu’on ne soutient pas assez Fillon et un tiers parce qu’ils ne savent plus pour qui voter. »

Chez Jean-François Copé, actif en coulisses pour remplacer Fillon par Juppé, le diagnostic électoral est sombre : « Macron a pris les

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