Bourse Regain d’optimisme
Croissance retrouvée, hausse des taux… Les marchés talonnent leurs plus hauts.
Après avoir craint l’élection de Marine Le Pen à la présidentielle et, à travers elle, la possible sortie de la France de l’euro, les investisseurs anglo-saxons semblent plus confiants dans l’élection d’un candidat de gauche ou de droite eurocompatible. Ils ont été confortés dans cette appréciation par le mode de scrutin français (un second tour qui gomme les extrêmes), l’inscription dans la Constitution de l’appartenance de la France à la zone euro – ce qui implique, pour en sortir, une révision constitutionnelle par référendum –, les résultats de l’élection aux PaysBas plus favorables à la droite qu’anticipé et le score du parti d’Angela Merkel dans la Sarre. Preuve de cette confiance retrouvée : l’écart de taux entre le Bund allemand et l’OAT dix ans, qui était monté à 0,82 %, est redescendu à 0,58 %.
Ce revirement masque également la volonté des investisseurs de ne pas passer à côté de la hausse. Tous les indicateurs macroéconomiques sont en effet au vert : hausse de la croissance aux EtatsUnis, en Europe et dans les pays émergents, augmentation de l’indice de confiance des chefs d’entreprise, stabilisation du prix des matières premières, reprise de l’inflation, remontée modérée des taux – laissant entrevoir la normalisation progressive des politiques monétaires –, progression des perspectives bénéficiaires des sociétés… Seule l’incertitude politique permet d’expliquer le retard des marchés européens et, plus spécifiquement, du marché français, par rapport à la flambée des cours outre-Atlantique. Nombreux sont donc les analystes qui tablent sur un rebond brutal dès la fin du mois. D’où le souhait des
investisseurs de se positionner dès à présent pour y prendre part. Depuis la fin janvier, le CAC 40 a déjà pris plus de 4 %, et près de 20 % sur un an. Un regain de faveur qui profite de nouveau aux valeurs cycliques –technologiques, industrielles – au détriment des télécoms, des services aux collectivités, et même des banques. Côté valeurs, au sein du CAC 40, Kering, suivi de Peugeot, tient le haut du pavé depuis le 1er janvier. Une conjoncture dont profitent les gérants actifs. Sur les actions françaises, leurs fonds affichent en moyenne une performance supérieure (voir tableau ci-dessus).
Promesses électorales. Aux Etats-Unis,enrevanche,laconfiance fléchit. Le rejet par la Chambre des représentants d’abolir l’Obamacare entame la confiance des investisseurs dans la marge de manoeuvre de Donald Trump pour mener à bien ses promesses électorales. Le VIX, appelé « indice de la peur », a augmenté de 15 %. Résultat, après avoir fortement progressé, l’indice
S& P 500 fait du surplace ; sans décrocher pour le moment, car les investisseurs tablent toujours sur la réforme fiscale et notamment sur les baisses d’impôts pour booster la croissance et les profits des entreprises. L’indice S& P 500 a progressé de moins de 5 % depuis le début de l’année contre 11 % pour les marchés allemand et espagnol.
Depuis janvier, les gérants sont également très positifs sur les marchés émergents et, en particulier, sur la Chine, qui profite de l’accélération de la croissance mondiale. L’indice MSCI China affiche une progression de plus de 12,6 % depuis le début de l’année. « Le Premier ministre a annoncé un objectif de croissance de 6,5 %. L’atterrissage en douceur semble se confirmer », estime Eva Balligand, gérante chez Vega Investment Managers. On assiste aussi à un réel changement de cap en matière de révisions bénéficiaires. Sur le marché d’actions H [actions chinoises listées à Hongkong], les valorisations sont inférieures aux moyennes historiques. » Un avis que partagent les gérants de BlackRock, Fidelity ou HSBC (voir tableau ci-dessous)