Ecole, les bonnes et les mauvaises notes
Ce que nous apprennent les travaux scientifiques et la comparaison internationale.
Pour juger de l’état de la France en matière d’éducation, on doit regarder où en sont les élèves aujourd’hui, mais aussi les orientations pédagogiques, les budgets consacrés, la formation des professeurs, la relation parents-école, etc. On dispose sur tous ces points d’éléments précis grâce à la comparaison internationale et aux travaux scientifiques. On est plus que jamais capable de dresser un diagnos- tic lucide pour en déduire l’action nécessaire. Sur la situation des élèves, il y a les enquêtes internationales, en particulier PIRLS, qui analyse les performances en lecture à l’âge de 11 ans, et Pisa, qui examine un spectre plus large de compétences pour les élèves de 15 ans dans 70 pays. Chacune nous dépeint une France dans une situation moyenne, avec une dégradation lente mais avérée.
Ainsi, la France a 520 points dans la dernière évaluation PIRLS, ce qui la situe encore au-dessus de la moyenne internationale (500), mais au-dessous de la moyenne européenne (534). On note une proportion importante d’élèves en grande difficulté dès le plus jeune âge (5 %), quand l’Allemagne et l’Italie sont à 2 %. Cela rejoint aussi une évaluation nationale réalisée tous les dix ans depuis 1987 et qui montre une baisse régulière des performances en dictée.
En mathématiques, la situation est plus inquiétante encore selon la dernière enquête TIMMS de 2015, qui indique, à l’âge du CM1, un décrochage français, avec 488 points en maths et 487 en sciences, alors que la moyenne est de 500 dans le monde et de 525 en Europe.
Pisa confirme en nous montrant, depuis 2000, une baisse des résultats par rapport à nos voisins. Ces enquêtes doivent être mises en perspective. Ainsi, on note un petit rebond en compréhension de l’écrit après 2006, probablement lié à de meilleurs programmes. La France est dans la moyenne des pays industrialisés, et bien des phénomènes que nous connaissons se retrouvent dans des pays comparables comme l’Angleterre, l’Italie ou les Etats-Unis. Mais on voit également que des pays aussi divers que l’Allemagne, le Portugal, la Pologne ont réussi à progresser ces quinze dernières années en faisant de bons choix stratégiques. Les enquêtes indiquent également des
voies d’excellence avec les performances de pays comme Singapour ou certaines régions du Canada.
Derrière ces moyennes, il y a de très grandes disparités. L’écart s’élargit en France entre les élèves le plus en difficulté et les meilleurs, le tout étant corrélé fortement au niveau social des familles. Il y a aussi des différences selon les régions. Une grande partie ouest de la France va bien sur le plan scolaire, en Bretagne, dans les Pays de la Loire ou en Aquitaine. Mais certaines zones urbaines, en Ile-de-France ou à Marseille, ou des pans entiers de la « France périphérique », comme dans les Hauts-de-France, manifestent beaucoup plus de faiblesses. Ce qui laisse penser que les facteurs extrascolaires ont une grande importance et que, là où l’on incrimine l’école, ce sont peut-être les situations sociales et familiales qui rendent très difficile un apprentissage réussi. Cela plaide pour des politiques publiques prenant en compte l’environnement de l’enfant, par exemple les internats d’excellence.
Ce tableau gris ne doit pas masquer les atouts dont dispose la France pour un rebond si on analyse les facteurs de réussite du système.
Repenser la maternelle. Le facteur le plus important est la capacité de prise en charge réussie des élèves dès le plus jeune âge. Les travaux de James Heckman, prix Nobel d’économie, ont montré que 1 euro dépensé pour la petite enfance permet d’en économiser 8 plus tard. L’enquête Pisa établit aussi que les élèves préscolarisés ont de meilleurs résultats que les autres. La première des inégalités est une inégalité devant le langage, largement liée aux circonstances familiales. L’école maternelle joue un rôle crucial pour compenser les différences de maîtrise du vocabulaire, qui existent dès l’âge de 3 ans.
Or le taux de scolarisation est proche de 100 % en France à cet âge, alors qu’il est par exemple de 60 % dans un pays comme l’Australie. Le travail à faire est donc de nature qualitative en améliorant le taux d’encadrement des classes les plus jeunes, de la