Lewandowsky : une polarisation croissante
Chercheur en psychologie cognitive à l’université de Bristol, l’Australien Stephan Lewandowsky a codirigé en 2016 une étude sur « le phénomène Trump ». Les participants devaient noter des affirmations de campagne de Trump, la moitié d’entre elles vraie, l’autre erronée d’un point de vue factuel. Si les affirmations étaient attribuées à Trump, les républicains y adhéraient plus que si elles restaient anonymes (et l’inverse pour les démocrates). Et quand on les rectifiait, cela ne changeait pas grand-chose au point de vue des participants. Dans les deux camps, l’important était donc l’identité de l’auteur, et non pas la véracité des propos… « Etre partisan a une grande influence sur la façon dont les gens traitent l’information. C’est ce qu’on appelle le biais d’assimilation et cela signifie que sur certaines questions – comme le réchauffement cli- matique, par exemple – les personnes diplômées sont encore plus polarisées que les personnes non diplômées » , assure le chercheur. La raison ? « Cela s’explique par le fait que les personnes éduquées sont plus capables d’argumenter et de défendre leur point de vue face à des évidences contraires, et évitent ainsi d’avoir à accepter ces évidences. » Stephan Lewandowsky a aussi longuement travaillé sur le complotisme à l’heure d’Internet. « Les théories du complot ont toujours existé, mais Internet a permis une diffusion exponentielle. On sousestime souvent la capacité d’Internet à réunir des gens et à former des communautés, qu’importe l’absurdité de leurs opinions. Ainsi, quelle que soit votre croyance, vous trouverez toujours une poignée de gens à travers le globe qui partagent cette croyance, et à partir du moment où une croyance se partage, elle devient plus résistante au changement. Les personnes sont sans doute encore moins prêtes à changer leur opinion aujourd’hui qu’à l’ère d’avant Internet. »