« Flatter le paranoïaque en
CIA, Illuminati, cabinets noirs… Le politologue Rudy Reichstadt décortique les mutations du complotisme.
Le Point : ficelles » et 29 % se disaient « plutôt d’accord »…
En 2014, un sondage Ipsos a également montré que 20 % des Français croyaient que les Illuminati – une société secrète complètement chimérique – cherchaient à manipuler la population et tiraient les ficelles de l’économie mondiale. Chez les 15-24 ans, cela montait à 36 % ! Une enquête d’Odoxa effectuée en septembre 2016 montre que 28 % des Français pensent que le gouvernement américain est impliqué dans les attentats du 11 septembre 2001, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. C’est chez les plus jeunes que la perméabilité aux théories du complot est la plus grande. Il semble aussi que plus vous êtes diplômé, moins vous avez tendance à y croire. Mais il faut nuancer, car, pour certaines propositions complotistes, ce sont à l’inverse les catégories les moins favorisées qui sont les moins concernées. Le diplôme n’immunise en rien contre la pensée magique. Certains conspirationnistes sont de très grands lecteurs.
En 2003, l’invasion américaine de l’Irak au prétexte fallacieux d’armes de destruction massive a-t-elle nourri les complotistes ?
La thèse selon laquelle la défiance prolifère uniquement en raison de la révélation de vrais mensonges ne me paraît pas satisfaisante. En effet, le complotisme n’est pas que défiance, il est aussi crédulité. Que l’on se défie d’un pouvoir qui nous a menti est rationnel, mais ça n’explique pas qu’on se fie de manière acritique à des sources d’information dont il a été plusieurs fois démontré qu’elles n’étaient pas sérieuses. Chez les complotistes, le doute est éminemment sélectif. Des complots, des manipulations politiques, il y en a depuis qu’il y a des sociétés humaines et il continuera d’y en avoir. La question, aujourd’hui, est comment et pourquoi ces choses-là ont-elles pu se développer à ce point ? Je ne crois pas que ce soit étranger à l’ère de transparence dans laquelle nous vivons, dont le grand paradoxe est de nous rendre de plus en plus insupportable tout ce qui s’y dérobe encore.
Certains suspectent, par exemple, un « cabinet noir » à l’Elysée. Ne serait-ce pas légitime ?
On est presque là dans le degré zéro du complotisme, utilisé comme dernier recours de l’autodéfense et n’ayant d’autre raison d’être que de