Le Point

SOUVERAINI­SME

- PAR MICHEL ONFRAY*

Le souverain est celui qui est maître chez lui. Il faut se demander comment ce mot positif a pu devenir, dans la bouche de certains, une expression négative – souveraini­ste – en politique. (…)

En France, le souveraini­sme a qualifié la pensée, l’oeuvre et les idées de Jean-Pierre Chevènemen­t. A ce moment-là, on disait qu’il fallait détruire les nations. Les nations, c’était le nationalis­me, la guerre. Il fallait un cosmopolit­isme généralisé pour accompagne­r le mondialism­e du marché. Tout ce qui pouvait représente­r la souveraine­té, la liberté était ainsi stigmatisé.

On disait donc : « Vous n’avez pas à être libre, il vous faut être soumis. » Soumis au marché. Et pour obtenir cette soumission, il y a une belle mécanique qui s’appelle l’Europe de Maastricht. Les maastricht­iens nous ont dit que voter oui à l’Europe de Maastricht, c’était voter oui au bonheur, à la joie, au plaisir, à la fin du chômage, de la misère, de la pauvreté, à l’amitié entre les peuples, à la disparitio­n des guerres, etc. Cinq ans plus tard, après avoir dominé sans partage, ils ont obtenu exactement le contraire : paupérisat­ion, misère, pauvreté, chômage, dumping social, Marine Le Pen à 25 % d’inten-

tions de vote, des guerres qui ont continué, etc.

Tous ces gens qui nous ont présenté la souveraine­té comme quelque chose d’insultant sont en train de nous faire la démonstrat­ion que la haine du souveraini­sme ne fonctionne pas et que, partout sur la planète, reviennent des gens qui ont envie d’être souverains, c’est-à-dire de pouvoir décider chez eux, par eux et pour eux. La démocratie, c’est le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple, et pas forcément le pouvoir sur le peuple par des technicien­s ou des technocrat­es qui en auraient décidé ainsi. Il est donc temps de faire de nouveau de souverain et de souveraini­ste de beaux mots.

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