Le Point

Fischer : « Enfin un européen convaincu ! »

Pour l’ancien numéro deux allemand, le candidat d’En Marche ! incarne une France ouverte sur le monde.

- PROPOS RECUEILLIS PAR PASCALE HUGUES (À BERLIN)

sera de convaincre les Français et les Allemands que l’Europe est un bienfait. Mais, encore une fois, continuer comme avant, c’est ouvrir davantage la porte aux populistes et aux anti-européens.

Le Front national, deuxième parti de France ?

C’est un sérieux rappel à l’ordre. C’est maintenant qu’il faut relever le défi européen. Nous allons d’abord avoir le second tour, puis les législativ­es, puis la pause de l’été et, le 24 septembre, les élections en Allemagne. Mais, tout de suite, il va falloir se mettre au travail. Pour récupérer les voix égarées vers le Front national et l’AfD, nous devrons nous atteler à la question de la sécurité à l’intérieur et à l’extérieur des frontières, et stabiliser l’euro. Il va falloir trouver là un compromis entre les pays du nord et ceux du sud de l’Europe.

Joschka Fischer Ancien ministre (écologiste) des Affaires étrangères et vice-chancelier allemand, il fut le partenaire de la coalition menée par Gerhard Schröder entre 1998 et 2005.

Lorsqu’il est venu à Berlin, je me suis dit : enfin un européen convaincu qui parle de l’Europe avec enthousias­me. Mme Le Pen aussi a placé l’Europe au centre de sa campagne, mais ses propos sont négatifs, destructeu­rs même. Ce qui est sûr, maintenant, c’est que les choses ne peuvent plus continuer comme avant. Une politique du business as usual serait la fin de l’Union européenne.

Emmanuel Macron a 39 ans. Trop jeune pour être président ?

Emmanuel Macron appartient à la génération des jeunes Français pour qui la mondialisa­tion n’est pas uniquement une idéologie négative. Ils ont les yeux grands ouverts sur le monde, au-delà des frontières de leur propre pays. Ils regardent vers l’avenir. Le grand défi pour Emmanuel Macron et pour le chancelier ou la chancelièr­e que nous élirons en septembre

Et que pensez-vous du fait que les deux grandes formations politiques traditionn­elles ne sont pas représenté­es au second tour ?

Est-ce un phénomène si nouveau que cela ? Les partis tels que de Gaulle ou Mitterrand les incarnaien­t ont entamé depuis longtemps déjà leur processus de désagrégat­ion. Mélenchon et Le Pen ont fait chacun 20 %, à l’extrême gauche et à l’extrême droite. En Allemagne, nous nous trouvons dans une situation très particuliè­re. Nous sommes protégés par notre Histoire. Chez nous, on ne peut pas crier : il faut que l’Allemagne retrouve sa grandeur ! D’autres l’ont déjà fait et ce n’était vraiment pas une bonne idée. De même, on ne peut pas demander la constructi­on d’un mur. Cette expérience-là aussi a eu des conséquenc­es funestes.

Qu’attendez-vous de la France dans les années à venir ?

Pour le bien de l’Europe, je souhaite une France forte et sûre d’elle. C’est indispensa­ble. Rien n’est plus dangereux pour l’Europe qu’une France faible et minée de doutes. Nous l’avons vu ces derniers temps. J’espère que la France, l’Allemagne et leurs autres partenaire­s façonneron­t l’Europe. J’ai l’impression que c’est aussi ce que veut Emmanuel Macron

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