La guerre des « quinquas »
Les Républicains espèrent se refaire aux législatives et résister à la pression de Macron.
La défaite de François Fillon après l’élimination de Nicolas Sarkozy et d’Alain Juppé ouvre la porte à la génération suivante. Les couteaux des « quinquas » sont déjà tirés. Mais le combat commencera après les législatives de juin.
Laurent Wauquiez Main basse sur le parti Dès la victoire de François Fillon à la primaire de la droite, Laurent Wauquiez est entré en « mode combat » . Il entendait prendre date et devenir le frondeur en chef d’un éventuel quinquennat Fillon. Tenant d’une ligne populaire, Wauquiez a aussi- tôt fait entendre sa différence en attaquant le programme du candidat Fillon, pas assez tourné vers le pouvoir d’achat des ménages avec la défiscalisation des heures supplémentaires. Il se sait le plus en harmonie avec la base militante des Républicains, notamment en raison de la droitisation de son discours sur les valeurs. Sa stratégie de conquête du pouvoir relève de la tradition : à l’automne, il sera candidat à la présidence du parti. Une manière de verrouiller la primaire de la présidentielle 2022. S’il y en a une… Car il peut compter sur certains soutiens pour imposer, dans les statuts, une primaire fermée qui lui donnerait un avantage considérable. François Baroin Matignon ou rien Nicolas Sarkozy lui avait promis Matignon. A la faveur de la crise ouverte par le Penelopegate, le sénateur maire de Troyes s’était également imposé comme le Premier ministre putatif de François Fillon, gage du soutien des sarkozystes devenus indispensables. Fillon battu, François Baroin n’a pas renoncé à son rêve « matignonesque », mais cette fois comme le chef de file d’une droite remportant les législatives et imposant à Emmanuel Macron
« Dans la perspective du rassemblement de la famille » , précisait-il. Mercredi 19 avril, ila donc rencontré à son bureau les membres fondateurs du courant issu de La Manif pour tous. « Pour eux, j’étais une abomination, riait-il quelques jours avant le premier tour. Je suis vécu à droite comme l’incarnation du laïcard absolu. Moi, je voyais Sens commun comme les membres d’un cousinage éloigné qu’il fallait que je rencontre. Je n’ai pas vu des intégristes ni des gens illuminés. Je n’ai eu aucune demande sur l’IVG, par exemple. » Bruno Retailleau Un courant vendéen ? Sens commun semble beaucoup compter sur une initiative de Bruno Retailleau. L’ex-coordinateur de campagne de Fillon, sénateur de Vendée, catholique revendiqué et connu pour son attachement farouche aux valeurs de la droite, très attentif aux questions identitaires, pourrait lancer son propre courant. C’est en tout cas ce qu’espèrent certains membres de Sens commun qui voient dans le patron des sénateurs le défenseur de leur sensibilité. Les Macron-compatibles Dès dimanche soir, Alain Juppé a donné le la en appelant sans ambages à voter pour Emmanuel Macron. Mieux ! Il lui a demandé de « préciser son programme » . Une façon de sous-entendre qu’une forme de coalition avec Macron n’est pas exclue sur la base d’idées communes. Or, sur la réforme du marché du travail ou le chantier de la construction européenne, les convergences sont évidentes. Emmanuel Macron n’a prévu aucun accord d’appareil lors des législatives. Mais après, une fois élu, s’il tendait la main aux élus LR modérés ? Qui, chez les juppéistes, osera sauter le pas ?