LES SITUS SONT DE RETOUR !
BD. C’est entendu : Mai 68, dont le cinquantenaire se profile, fit basculer la France dans une nouvelle ère. Si nombre de ses acteurs ont rapidement délaissé la révolution pour passer « du col Mao au Rotary » (Guy Hocquenghem), certains ont continué d’entretenir le feu de la subversion. La précieuse Petite Bédéthèque des savoirs, qui associe un dessinateur et un spécialiste sur un sujet de société, propose ainsi un bréviaire illustré sur les énigmatiques situationnistes. Christophe Bourseiller, exégète de l’ultragauche française, et Jake Raynal, un ancien de Fluide glacial, racontent ainsi ce groupe qui partagea avec les surréalistes un même goût pour la poésie d’avant-garde et les désirs vitalistes, mais aussi pour les déchirures et les excommunications. Depuis la rencontre fondatrice de Guy Debord avec Isidore Isou, puis la naissance officielle de l’Internationale situationniste en 1957, jusqu’au suicide de Debord en 1994, ils rendent hommage aux icônes de l’IS, comme Raoul Vaneigem et Mustapha Khayati. Raynal adopte une esthétique proche du cut-up situ (images floues, publicités détournées) pour illustrer leurs fulgurances parfois obscures, mais à la beauté abrasive : « Vivre sans temps mort, jouir sans entraves », « L’homme fait l’amour avec la chose », « Ne travaillez jamais »
« Les situationnistes », de Christophe Bourseiller et Jake Raynal (Le Lombard, 72 p., 10 €).