La science, clé de la réussite française
La 6e place mondiale de la France en matière de recherche masque le risque d’une lente érosion.
La
recherche est aujourd’hui, pour un pays, aussi stratégique que sa défense et elle est, avec l’éducation, plus décisive qu’aucun autre facteur pour la santé de l’économie et les perspectives de la société. De plus, au moment où s’insinue l’esprit de la « postérité » à l’échelle mondiale, il est plus important que jamais de donner à la science la force de progrès et d’inspiration qu’elle représente. Si on mesure la place mondiale de la France en matière de recherche par les publications scientifiques, elle est au 6e rang derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Les Etats-Unis restent la première puissance scientifique avec près de 40 % des parutions. Cette place française pourrait sembler satisfaisante si elle ne masquait pas le risque d’une lente érosion, liée à l’organisation de la recherche et à son financement. En 2002, la Chine était derrière la France. Dans l’intervalle, elle a triplé son investissement et ses publications décollaient dans les mêmes proportions. L’enjeu pour la France n’est donc pas simplement de continuer sur les mêmes rails ; il est aussi de créer un nouvel élan qui passe par un déploiement de l’argent public et de l’argent privé. Aujourd’hui, le budget de l’Agence nationale pour la recherche, qui irrigue les laboratoires par ses financements de projets, est de 550 millions d’euros contre 760 millions en 2012. De même, le CNRS, qui reste l’un des organismes de recherche les plus importants du monde, voit son budget stagner depuis 2010. Il y a encore une excellence française attestée par la floraison de prix Nobel (sept) et médailles Fields (quatre) au cours de la dernière décennie et par les performances de nos organismes de recherche dans certaines disciplines comme les mathématiques (CNRS), l’astrophysique (CEA), les technologies de l’information et de la communication (Inria). Notre impact est important aussi en biologie (CNRS), ou encore en sciences cognitives, santé et médecine clinique (Inserm). La politique de la recherche, celle de l’éducation nécessitent une approche de long terme. Elle a beaucoup moins pâti que les politiques d’éducation des effets de rupture d’un quinquennat à l’autre. Cela est dû aux acteurs, universités, organismes de recherche, entreprises, qui s’inscrivent eux-mêmes dans la durée ainsi qu’à un relatif consensus français sur les principaux enjeux. En 2009, le rapport Juppé-Rocard établissait que la recherche et l’innovation étaient les clés de la réussite pour l’économie et la société dans le futur. Cela débouchait ainsi sur une priorité nationale accordée à la recherche en ce qui concerne les investissements de long terme. Des buts clairs étaient fixés : favoriser l’émergence de campus d’enseignement supérieur et de recherche d’excellence ; investir dans les équipements de recherche et renforcer l’attractivité de la France ; créer quelques campus d’innovation de dimension mondiale, mieux valoriser les résultats de la recherche publique et soutenir la recherche partenariale. Un commissariat général à l’investissement était créé. Des jurys internationaux l’accompagnaient pour objectiver les décisions à prendre. Les grandes lignes de cette politique ont été mises en oeuvre jusqu’à aujourd’hui. Dans le contexte établi par la présidentielle, la recherche pourrait bénéficier d’un nouvel élan. Elle peut elle-même être au service de la réussite des politiques publiques. Par exemple, la recherche en sciences cognitives ou les travaux de comparaison internationale des systèmes éducatifs peuvent être très utiles pour le succès des réformes éducatives futures. Plus globalement, l’esprit de l’époque qui s’ouvre se nourrira de ce qui aura été entrepris pour donner à la science un rôle moteur au service de l’homme et de la société
La recherche en sciences cognitives peut être très utile pour le succès des réformes éducatives.