Grassa, les nouveaux cadets de Gascogne
Les deux frères dirigent le Domaine du Tariquet, plus grande propriété de vin blanc de France. Saga. Dans la famille depuis 1912, le Domaine du Tariquet détient 1 125 hectares de vigne.
Armin est fondu de moto. Il possède plusieurs BMW, dont une 1 000 cm3 de course, soigneusement rangées dans une dépendance de son immense maison qui semble flotter au milieu des vignes. Rémy, lui, est passionné de photo et de voyages au bout du monde. Mais ces passions des frères Grassa ne sont que de minces parenthèses à côté de ce qui occupe leurs jours et leurs nuits. Leur vie, c’est la vigne. Et plus particulièrement le Domaine du Tariquet, qui produit des vins-blancs-fruités-faciles-à-boireet-bon-marché. Ils y sont nés, y ont grandi et règnent aujourd’hui, avec leur tante Maïté Dubuc-Grassa, sur un petit empire installé du côté d’Eauze, en plein coeur de la Gascogne. Aujourd’hui, les Grassa – avec leurs 1 125 hectares de vignes – possèdent la plus grande propriété productrice de vin blanc de la même appellation en France. Ils produisent entre 9 et 10 millions de bouteilles par an. Ce qui les propulse au premier rang des producteurs récoltants en côtesde-gascogne tout en étant aussi les premiers pour l’armagnac.
« Quand vous attaquez l’un, vous attaquez l’autre », résume le Bourguignon Ithier Bouchard, directeur commercial du domaine. Armin a 41 ans, Rémy, 40. La complicité des deux frères est totale. Armin s’occupe de la vigne, Rémy gère l’administratif et la finance. La récolte effectuée, ils se re- trouvent chaque jour pendant trois mois au sommet des cuves et dans les chais pour composer leur vin. Ils ont tous deux suivi des études de viticulture et d’oenologie. Rémy a même passé une année à Vienne, consacrée à l’étude des sols. Les frères parlent parfaitement l’allemand, langue que leur a transmise leur mère, une Berlinoise que leur père, Yves, fan de ski, avait rencontrée dans une station autrichienne. Les petits Grassa, alors frais diplômés, avaient des projets plein la tête. Armin se préparait à un tour du monde des grands vignobles, Rémy avait signé un contrat de deux ans dans une winery de la Columbia Valley, dans l’Etat de Washington. Mais leur père voit les choses autrement. En 1999, il les « convainc » de racheter une propriété (des vignes et des noisetiers) située à côté du domaine familial du Tariquet et leur assigne une mission : prendre en main la récente acquisition comme des grands qu’ils ne sont pas encore. Les frères remisent leurs rêves de contrées lointaines et rentrent dans leur Gers natal. Six vendanges plus tard, leur géniteur prépare une nouvelle surprise. Il leur annonce sans préambule qu’à 54 ans il a pris la décision de tenter l’aventure en Roumanie, dans la plaine du Danube, où il a acheté 3 000 hectares de terres céréalières… Ses deux fils tombent de leur chaise. « Je n’ai jamais reçu un appel de quelqu’un se plaignant de votre travail, leur assène-t-il. N’ayez crainte, tout