Jean Bricmont répond au « Point »
Dans votre édition du 20 juillet 2017, M. Bernard-Henri Lévy, réglant ses comptes avec Le Monde diplomatique, parle « du négationniste Jean Bricmont, longtemps préposé, dans le journal, au traitement de l’actualité éditoriale antiaméricaine et antisioniste » . Je n’ai jamais été préposé à une « actualité éditoriale » dans Le Monde diplomatique. Depuis 2001, outre quelques courts comptes rendus de livres, j’y ai publié quatre articles, dont un sur la « thèse de sociologie » d’Elizabeth Teissier, deux articles sur la gauche française et un autre sur la « mauvaise réputation » de Noam Chomsky (https ://www. monde-diplomatique.fr/2001/04/BRICMONT/1829), dans lequel je soulignais, à propos du procès médiatique fait à cet intellectuel lors de l’affaire Faurisson, la distinction cruciale entre défendre le droit d’exprimer une opinion et partager celle-ci. Le terme « négationniste » s’applique à ceux qui nient l’existence des chambres à gaz pendant la Seconde Guerre mondiale. Rien de ce que j’ai écrit n’a jamais nié l’existence des chambres à gaz. En vertu de la loi Gayssot, nier leur existence est un délit. Accuser sans preuve quelqu’un d’un délit est de la diffamation, ce qui n’est pas couvert par la liberté d’expression et peut donner lieu à des poursuites judiciaires. Je défends une conception de la liberté d’expression proche de celle de Voltaire, Mill, Russell et Chomsky (voir « La République des censeurs », L’Herne, 2014), qui pour moi est consubstantielle à la démarche scientifique. Mais cela n’implique rien en ce qui concerne l’adhésion à une opinion ou à une autre