Le Point

« Cette chose étrange en moi »

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d’Orhan Pamuk, traduit du turc par Valérie Gay-Aksoy (Gallimard, 678 p., 25 €). En librairie le 17 août. Un cahier de L’Herne consacré à l’écrivain et dirigé par Sophie Basch et Nilüfer Göle (L’Herne, 296 p., 33 €) et « Istanbul, souvenirs d’une ville » (nouvelle édition illustrée, Gallimard, 552 p., 35 €) paraîtront en septembre. Elle légitimait les joies de l’alcool, jusqu’à ce que de pieux religieux ottomans ferment les débits de boza au même titre que ceux de vin. Atatürk, qui avait autorisé l’alcool en Turquie, l’appréciait. Mais, même après la république laïque d’Atatürk, les gens ont continué à en boire : pas pour l’alcool, mais pour le rituel, parce que ça rappelait les bons vieux temps ottomans à la classe moyenne d’Istanbul. La boza, ça permet à mes personnage­s de débattre : c’est quoi, notre identité ? Est-ce qu’elle est fondée sur l’islam, sur la religion ? Alors a boza, parce qu’elle contient de l’alcool, devrait-elle être bannie ? Ou est-ce que notre identité se fonde sur ces vieilles choses de notre Histoire ? Et, dans ce cas-là, la boza ne fait-elle pas partie intégrante de notre identité ? La boza me permet de jouer avec ces sujets…

Le lecteur est emporté par la belle mélancolie de ce livre. Vous avez choisi pour héros un vendeur de qui continue à en vendre et à traverser la ville de nuit, alors qu’Istanbul ne veut plus de ces vieillerie­s ottomanes…

Je ne pense pas que mon roman soit mélancoliq­ue. Et les gens boivent de la boza encore aujourd’hui, même si c’est en bouteille. Pour moi, ce roman est au contraire un livre sur le nouvel Istanbul, sur la vitalité et l’optimisme de ces gens venus de leur campagne qui, contrairem­ent aux romans de Dickens, sont pauvres au début mais vont faire leur bout de chemin en ville et devenir la classe moyenne des an-

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