La ruse des kitchenettes
Surprise : quand on entre dans les chambres des Mama français (Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux), on y trouve une minikitchenette pas très fonctionnelle. La raison ? Dans le montage financier, les Mama figuraient comme des résidences hôtelières, avec un coin cuisine, ce qui, fiscalement, a permis de vendre les murs des chambres à des particuliers contre loyer. Adossés à Accor, les Trigano n’ont plus besoin de recourir à ce type de montage, alors suggéré par les Caisses d’épargne. d’affaires) et le poids plume Mama (50 millions). Alors, pourquoi ? « Le Mama, on ne sait pas faire. Nous nous sommes associés pour apprendre, nous dit Sébastien Bazin, le PDG d’Accor, car les Trigano sont les seuls à savoir mélanger toutes sortes de clientèles. » Voilà pour la version officielle. Sauf que le groupe de Bazin pourra en 2020 prendre 100 % du capital de Mama Shelter (on appelle ça un « put »). Voilà qui change tout pour les Trigano.
En invitant Accor, n’ont-ils pas fait entrer le loup dans la bergerie ? Pour l’heure, bien sûr, la famille conserve les manettes et le Mama profite à fond de la force de frappe planétaire d’Accor : les projets se multiplient. D’ici à 2020, huit nouveaux Mama devraient voir le jour. Dont un porte de Versailles, en 2019 : « On aura le plus beau rooftop de Paris », se régale à l’avance Serge Trigano. Oui, mais si c’est pour tomber ensuite dans l’escarcelle du géant Accor ? Même s’ils peuvent espérer une belle plus-value à l’horizon 2020, l’idée de devenir de simples managers semble maintenant chagriner un peu Serge Trigano et ses deux fils. Ont-ils signé trop vite ? Apparemment, ils reverraient bien les termes du contrat de 2014. Mais sans garantie de résultat, car ils savent pertinemment qu’il ne suffira pas de chuchoter aux oreilles de Bazin, comme ils le font à celles de leurs clients, « Mama loves you »