Le suicide politique de septembre 1791
Peut-on imaginer des députés qui établissent une nouvelle Constitution dont ils ne veulent pas être les élus ? C’est pourtant ce qui est arrivé en 1791. Les députés de l’Assemblée constituante ont mis trois ans à rédiger la Constitution qui transfert la souveraineté du roi à la nation et sera promulguée au moment de la séparation de l’assemblée le 3 septembre 1791. Mais ils décident qu’ayant rédigé la Constitution ils ne sont pas qualifiés pour l’appliquer, décrétant que les membres de l’Assemblée constituante ne pourront être élus à la prochaine Assemblée législative établie en vertu de la Constitution. Qui est à l’origine de cette proposition ? Robespierre, qui se moque bien de ne pas être reconduit, car il a déjà mis la main sur les Jacobins. La classe politique issue des événements de 1789 va donc être renouvelée à 100 %. C’est une folie, bien sûr, car ceux qui n’avaient pu se faire élire en 1789, Brissot, Condorcet et d’autres encore, vont avoir l’occasion de prendre leur revanche, alors que depuis trois ans ils formaient l’opposition extraparlementaire, avec un mot d’ordre : changer cette nouvelle Constitution jugée trop accommodante envers la cour et pas assez démocratique, car censitaire. Cette faute politique gravissime s’explique sans doute par la lassitude de beaucoup de députés de 1789 et leur sentiment que, depuis la fuite du roi à Varennes (juin 1791), la Constitution était en fait mort-née et ne durerait pas