Formentera, hippie chiquissime
Entre élégance et farniente, la plus petite des îles Baléares cultive son esprit dolce vita.
Formentera. Les initiés chuchotent son nom avec mille précautions. Avec Comporta au Portugal et Hydra en Grèce, c’est l’un des lieux de pèlerinage estivaux qu’affectionne tant la jet-set bohème, qui chérit la tranquillité et la beauté préser- vée de ce fief du Flower Power des années 1970. En parcourant en bateau (unique moyen pour y accéder) les 3,5 kilomètres qui le séparent de l’île d’Ibiza, un passager s’amuse : « Formentera, c’est la Corse sans les bombes, Ibiza sans les boîtes, Moustique sans Mick Jagger, Capri sans Hervé Vilard, le Pays basque sans pluie. » La for- mule n’est pas la sienne – elle est empruntée à Frédéric Beigbeder –, mais résume parfaitement l’esprit de ce petit bout de paradis.
L’île, qui compte encore peu d’hôtels, s’enorgueillit cette année de l’ouverture du Gecko, un 4-étoiles façon club de plage huppé – qui doit son nom au lézard porte-bonheur de la région –, situé sur la plage Migjorn, au sud. On doit cette nouvelle adresse au groupe espagnol Marugal, spécialiste de l’hôtellerie de caractère, déjà remarqué avec le spectaculaire Cap Rocat, implanté dans une ancienne
forteresse de Majorque. L’établissement renoue avec l’élégance balnéaire des années 1950, quand la jet-set internationale se retrouvait l’été sur les plages espagnoles. La palette de couleurs navigue entre beige et bleu. Le bois blond contraste avec d’élégantes touches de marbre clair. Quelques céramiques font un clin d’oeil à la culture méditerranéenne. Le mobilier vintage, réduit à l’essentiel, a été soigneusement choisi. Et les chambres, joliment rétro, jouissent toutes d’un balcon et, pour certaines, d’un bassin privatif.
Ceux qui préfèrent l’iode au chlore iront au Beach Club. L’hôtel, qui loue ses méridiennes en teck à la journée, est aussi le rendez-vous de la gentry locale. Là, ni cocktails trop alcoolisés ni basses trop fortes, mais de la bossa nova en fond sonore agrémentée de séances de yoga.
Une fois le portail de l’hôtel franchi, tout tourne autour de la nature. Pour parcourir les 82 kilomètres de l’île, rien de tel que de se glisser derrière le volant d’une Méhari électrique ou d’enfourcher un scooter. Formentera réserve en effet quelques belles surprises, comme le parc
naturel de Ses Salines, classé à l’Unesco, qui fut longtemps le principal moteur économique de ce petit bout d’Espagne. Les cabanes de pêcheurs d’Es Calo et les falaises du Far de la Mola, perchées à 200 mètres au-dessus de la Méditerranée, méritent tout autant le détour. Le panorama, des nuances de turquoise rehaussées par les prairies de posidonies qui tapissent les fonds marins, est époustouflant.
Autre curiosité locale : le marché hippie. Tous les mercredis et dimanches aprèsmidi, des musiciens se produisent en direct, pendant que les paniers se remplissent de bijoux, ceintures, tuniques ou souliers fabriqués sur place. Le soir venu, les aficionados de Formentera se retrouvent au Kiosko, un chiringuito face à la mer, pour partager des tapas et siroter un mojito. Parfait pour attendre le coucher de soleil sur fond de rock psychédélique… Pink Floyd en tête !