Elles ont les moyens de les faire parler
Les écoles de commerce investissent – enfin – l’art oratoire.
Réhabiliter Bernard Madoff ! Le défi est de taille, mais c’est celui qu’a choisi de relever l’un des étudiants du cours d’Eric Cobast, dans l’une des petites salles du campus parisien de l’Inseec en ce jeudi ensoleillé de février. Une douzaine d’élèves sont venus faire des heures sup pour se préparer au concours d’éloquence organisé par l’académie d’éloquence de l’école. Et, bien qu’ils affichent tous un sourire qui en dit long sur le plaisir qu’ils ont à être là, leur motivation n’est pas que personnelle.
Savoir parler est pour eux essentiel dans leur vie quotidienne, mais aussi pour leur avenir professionnel. « Les autres compétences ne sont pas suffisantes ; il faut pouvoir s’exprimer à l’oral. Un manager n’est pas uniquement un gestionnaire, c’est aussi un communicant » , assure Bertrand Périer, avocat et enseignant à l’académie d’art oratoire d’HEC depuis sa création, en 2011. Une fois dans une entreprise, les futurs diplômés devront mobiliser des équipes, animer des réunions, rassembler autour de leurs opinions. Camille, une élève du programme grande école de l’Inseec, l’a bien compris : « Savoir s’exprimer est un élément différenciant. » La plupart des étudiants présents à ce cours ont découvert cette discipline par hasard, lors du séminaire de rentrée. L’un assure avoir « toujours détesté prendre la parole en public » , l’autre être « inhibé et nerveux
devant un auditoire ». « Une des premières causes de stress en entreprise est la prise de parole » , confirme Eric Cobast, directeur de l’Académie de l’éloquence et de la prépa Saint-Germain (groupe Inseec U). A l’heure où le « pitch » de quelques phrases est devenu un mode d’expression courante, et où les keynotes de Steve Jobs, ces présentations courtes et scénographiées chères à l’ancien patron d’Apple, ont fait école, il est donc indispensable de maîtriser l’art de la parole.
Graal. Adrien Rivierre, ancien élève de l’ESCP, a découvert cette discipline dans cette école. Une révélation qui l’a détourné de la finance, l’incitant à faire son métier de l’élaboration de discours pour dirigeants d’entreprise. « Pendant mes études, je suis parti aux Etats-Unis : j’ai découvert que les Américains étaient très forts à l’oral, dans leurs échanges, leurs dialogues, leurs discours… En France, on apprend à ne parler qu’après avoir levé le doigt, et cela change tout. A l’école, il faudrait qu’on apprenne à lire, écrire, compter… et à parler ! » assure l’auteur de « Prendre la parole pour marquer les esprits » (Marabout).
De fait, cette aptitude est loin d’être partagée ⋯