1815, année folle !
Roman. Antoine de Lavalette et le général Charles de La Bédoyère, des proches de Napoléon, peu connus, défrayèrent la chronique. Emprisonné après les Cent-Jours par le régime des Bourbons, le premier, créateur des Postes à l’armée, joua la fille de l’air en s’évadant de la Conciergerie, déguisé avec les vêtements de son épouse qui prit sa place dans la cellule. Les royalistes en écumèrent de rage. Le second, aide de camp de Lannes, avait mis son régiment à la disposition de Napoléon, près de Grenoble, lors de son retour de l’île d’Elbe. Puis, nommé pair, il insulta ses collègues qui trahissaient l’Empereur battu à Waterloo. L’un, ex-royaliste, s’était rallié à un Napoléon qu’il conseilla. L’autre, rejeton passionné de la noblesse, sillonna les champs de bataille. Les deux furent condamnés à mort. Le roman historique consiste parfois à plonger des seconds couteaux, des oubliés, dans le tumulte des événements. Bonne pioche pour Sylvie Yvert, qui nous fait revivre 1815 par le truchement de ces deux âmes fidèles, victimes de la politique. L’ironie affleure pour raconter en contrepoint cette « année folle », valse de pantins et de girouettes où l’on croise Talleyrand, Fouché, Chateaubriand et Benjamin Constant. De la belle ouvrage, joliment ciselée ■
« Une année folle », de Sylvie Yvert (Editions Héloïse d’Ormesson, 336 p., 19 € ).