Volez avec les coucous
Poche. Dès son arrivée dans un hôpital psychiatrique perdu de l’Oregon où tout est aussi discipliné que dans « La ferme des animaux », d’Orwell, Randle McMurphy annonce la couleur : « Lequel d’entre vous prétend être le plus fou ? Hein ? Je suis nouveau et je veux faire bonne impression sur l’homme de la situation, à condition qu’il me prouve qu’il est vraiment le caïd. Alors, qui est-ce qui tient la banque, ici ? » Pas de réponse. Alors ce sera lui, le vrai-faux «dingo trois étoiles». Convaincu qu’« il faut rire de ce qui fait mal pour garder son
équilibre », ce pilier de tripot irlandais dynamite le système de l’intérieur, réveille les consciences des légumes sous psychotropes, les poussant à la rébellion. Jusqu’au chaos et, qui sait ? la liberté. Il faut relire « Vol au-dessus d’un nid de coucou ». Celui de cette génération des années 1960, trop jeune pour être beatnik, trop vieille pour être hippie, qui noya sa contestation dans les acides. Celui de Ken Kesey, de sa haine de la normalisation et de ses idées floues. « S’ils sont fous, alors que dire de nous ? » ■
« Vol au-dessus d’un nid de coucou », de Ken Kesey, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Michel Deutsch et Virginie Buhl (Le Livre de poche, 480 p., 8,40 €).