De Cataldo sous LSD
« L’agent du chaos », de Giancarlo de Cataldo. Ce n’est pas une métaphore. Le maître du génial « Romanzo criminale », prix Le Point du polar européen en 2006, et du prophétique roman sur la chute de Rome « Suburra », dont la maison d’édition française Métailié fête en fanfare les 40 ans, s’envoie une dose hallucinante de LSD. A travers le récit de la vie – et la mort – de Jaroslav Darenski, voleur à Manhattan, qui, pincé par la police, participe à un programme médical aux Etats-Unis afin d’échapper à la prison. Un programme dans lequel le Dr Kirk, nazi exfiltré d’Allemagne, administre à des cobayes ignorants les premières drogues de synthèse. Kirk le savant fou découvre que Darenski simule les effets, ce qui fait de lui un sujet exceptionnel puisque résistant au LSD. L’histoire vraie du projet secret, conçu par la CIA, de manipulation mentale des civils par le LSD entre 1950 et 1970, dans lequel De Cataldo déploie des personnages saisissants, délirants, animés du souffle incroyable de ce romancier surpuissant. Ambiance guerre froide, Harvard sous trip et Andy Warhol halluciné, on grimpe haut avec ce Darenski devenu Jay Dark, agent très actif dans le monde chaotique et sous psychotiques du Dr Kirk
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Traduit de l’italien par Serge Quadruppani (Métailié noir, 316 p., 21 €).