Le nouveau rapt d’Hélène
Roman. Hélène. Il suffit de prononcer son nom et déjà vient un parfum de fuite, de rapt, de « soulèvement » du coeur. Pourtant au départ, rien d’homérique dans l’« Hélène » de l’écrivain et éditeur Hugues Jallon. Avec Loïc et ses deux enfants, dans leur maison de Libourne, elle coulait une vie sans plis. Jusqu’au jour de cette fête, à Paris, aux Batignolles ; les 40 ans d’un copain de fac. Hélène s’ennuyait, se saoulait. Il y avait ce type, une pièce bleue, les fumeurs sur le balcon, du rouge à lèvres sur les flûtes à champagne, elle s’était endormie et ne s’était plus ennuyée. Un rêve érotique avait fissuré, par effraction, le vernis de sa soirée et de sa vie. Elle était rentrée à l’hôtel avec Loïc… et s’était relevée pour retrouver la fête, son rêve, cet homme. « Il a vu qu’elle était revenue, et elle l’avait laissé faire, elle l’avait laissé attraper sa main, et pour finir elle l’avait suivi jusqu’en bas de l’escalier, dans la rue qui descendait vers la gare, jusqu’à la jetée où venaient s’écraser les vagues. » Commence alors l’échappée belle, l’aventure abrupte d’un amour humain qui tue et fait du bien, dévore, déforme jusqu’à la laideur, comme le disait Duras ; mystérieux, inexpliqué, insensé, un amour qui donne envie, un amour de poésie. Ce livre est comme ce qu’il raconte, une passion illustrée, une goutte de désir photographiée ; l’anatomie d’un tremblement d’amour
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« Hélène ou le soulèvement », d’Hugues Jallon (Verticales, 160 p., 17 €).