Le Point

Les yeux dans le rétro

Ressuscite les montures mythiques d’antan. Avant-garde

- MARINE DE LA HORIE

Chez les Lesca, on est lunetier de père en fils depuis trois génération­s. Si le grand-père de Mathieu Lesca taillait des montures sur mesure dans son atelier, son père, fondu de vintage, préférait chiner des paires des années 1950 et 1960 dans les brocantes. Ce pionnier passionné s’impose vite comme une référence et fournit les adeptes de montures rétro. « Tout le monde portait la fameuse lunette de Kennedy aux Etats-Unis. De l’autre côté de l’Atlantique, on était fan des modèles fétiches de Sacha Guitry ou d’Yves Saint Laurent », détaille Mathieu Lesca. Son père eut aussi le génie de rééditer des montures fortes qui s’inspirent de personnage­s comme Marcello Mastroiann­i ou Aristote Onassis, connus pour leurs épais binocles. Les mondes de la musique et de l’architectu­re nourrirent aussi sa fibre créatrice. Quand ers, me bre is Mathieu Lesca rejoint l’entreprise familiale, il décide avec son frère de relancer cette marque de niche. « J’ai grandi au milieu de cartons de vieilles lunettes. Mon père en récupérait des stocks avant de lancer ses propres collection­s, fabriquées dans le Jura. Autrefois, on travaillai­t l’écaille de tortue, aujourd’hui interdite. Le design est important, mais le choix des matières est primordial. Si c’est un peu fade, ça n’est pas joli sur la peau. On essaie de chiner des plaques d’époque pour retrouver les teintes nobles de l’écaille de tortue », explique-t-il, une paire en corne de buffle à la main.

L’ADN de Lesca, ce sont des montures identitair­es des années 1950 et 1960, associées à la Rolls du verre minéral po- des développé Lesca a singulière­s matières et des le titane comme d’or, recouverts verres casques les évoquent qui d’astronaute. larisant. « Ce sont de belles formes qui sont encore très actuelles aujourd’hui. La tendance rétro n’est pas près de s’essouffler », souligne Mathieu, qui propose aussi bien des gammes classiques que des modèles iconiques portés par des artistes ou des montures plus modernes en titane.

Le best-seller se nomme Corbs, inspiré des lunettes de Le Corbusier. On aime aussi la très graphique Pica, coupée en biseau sur le dessus. Sans oublier les verres plats ou minéraux et menthe à l’eau, typiques des années 1950. A moins que l’on préfère remonter davantage le temps et s’offrir une forme des années 1920, car Lesca a conservé des emporte-pièces de l’époque. Il y a cent ans, le Jura régnait en maître sur cette industrie.

Lesca réalise aussi quelques paires sur mesure qui peuvent nécessiter jusqu’à quarante heures de travail. « On veut être capable de proposer des choses pointues que personne d’autre n’aura ! » conclut Mathieu Lesca

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