Neuroplanète : Nice, capitale des cerveaux
Neuf mille spectateurs se sont pressés vendredi 15 et samedi 16 mars à la 4e édition de Neuroplanète. Des dizaines de scientifiques, neurologues, psychologues, écrivains et sportifs ont éloigné les Niçois du soleil qui baignait la promenade des Anglais. L’objectif : percer les secrets des pouvoirs extraordinaires du cerveau. Tout en suivant les conseils de l’essayiste Idriss Aberkane – « nous devons nous amuser pour apprendre » –, le public a adhéré à l’idée que « savoir comment fonctionne notre cerveau permet de mieux connaître notre psychologie », pour reprendre les mots de Lionel Naccache, médecin neurologue et praticien hospitalier à la Pitié-Salpêtrière, au fil d’une discussion passionnante avec Thierry Lhermitte, qui soutient notamment la recherche médicale sur la maladie d’Alzheimer.
C’est lors d’une conférence traitant de ce sujet que Colette Roumanoff, femme de théâtre qui a dû faire face à la maladie de son conjoint, affirme qu’un patient peut la vivre bien si « ceux qui l’accompagnent ne le considèrent pas comme un malade ». Christian Streiff, ex-patron d’Airbus et de PSA, a dû afffronter en 2008 un accident vasculaire cérébral. « Il faut une volonté féroce pour passer trois ans à réapprendre ne serait-ce qu’un mot », a-t-il déclaré, avant d’ajouter : « Ma richesse vient des pépins que j’ai eus. On apprend énormément de ses échecs ou de ses accidents, à condition de vouloir y croire, malgré les difficultés. » Un témoignage fort doublé d’un hommage au dévouement du corps médical. C’est également le message du Pr Alain Deloche, qui, grâce à Médecins sans frontières et Médecin du monde, se bat au quotidien pour intervenir dans des zones de conflit et venir en aide au personnel soignant local. Son obsession : apporter aux plus démunis une connexion à Internet, préalable à de multiples soins, notamment aux diagnostics à distance pour les télé-échographies cardiaques.
Panser les plaies d’aujourd’hui et se battre pour améliorer les soins de demain : à Neuroplanète, les intervenants vulgarisent leurs avancées et s’attachent à répondre aux questions, parfois surprenantes. « Est-ce qu’on pourra un jour créer un cerveau ? » interroge un adolescent. François Féron, chercheur et directeur de l’Ecole des neurosciences d’Aix-Marseille, sourit : « Nous arrivons à recréer dans des boîtes de culture des cellules souches qui fabriquent des structures se rapprochant des cerveaux, mais cela reste rudimentaire. »
A défaut de les fabriquer, il convient d’utiliser nos cerveaux à bon escient, surtout à l’« ère du mensonge généralisé », façon pour le journaliste Robert Namias de dénoncer la « fabrique à infox ». « C’est un mal de notre époque qui affaiblit les démocraties », s’inquiète Michèle Cotta. « Notre cerveau a plus tendance à généraliser les informations qu’à aller à leur source », poursuit le neuropsychologue Francis Eustache, invité à s’exprimer sur l’influence des stéréotypes. S’il convient de ne pas toujours se laisser porter par l’émotion, il en est question tout au long de l’échange entre Virginie Pape, ethnologue et musicienne, Eric Serra, compositeur, et Hervé Platel, professeur de neuropsychologie. Une conclusion en musique pour un Neuroplanète de prestige
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