Nouvelle-Zélande : dans la tête du terroriste de Christchurch
Avant son attentat, Brenton Tarrant a rédigé un manifeste, ramassis de thèses suprémacistes et d’inepties démographiques. Décryptage.
«C ela arrivera d’une seule manière. Par le grand réveil de l’âme européenne.» La citation ouvre la section II consacrée aux « pensées générales » de celui qui se définit non comme un terroriste, mais comme un « partisan », engagé dans une guerre contre « une armée d’occupation ». Cette citation, Brenton Tarrant l’attribue à sir Oswald Mosley, le fondateur du parti anglais fasciste, l’homme dont il se déclare le plus proche dans son manifeste long de 73 pages, intitulé «Le grand remplacement», allusion transparente à la théorie raciale et démographique de l’écrivain français Renaud Camus.
L’Europe : elle est au coeur du discours de cet Australien qui se définit comme le descendant de ces Européens morts sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale. « Ma culture est euro- péenne, mon identité européenne et, surtout, mon sang est européen », martèle-t-il. C’est d’ailleurs en visitant en 2017 les cimetières français de la Grande Guerre que ce suprémaciste, qui dit sans ironie placer l’émotion avant toute chose, s’effondra en larmes devant le sacrifice vain de ces soldats et décida de passer à l’acte. La France : lieu de sa double prise de conscience parce qu’il y vit triompher en 2017 Emmanuel Macron, « capitaliste égalitariste et antinationaliste». Mais passer à l’acte contre qui ? Contre ceux qu’il nomme « les envahisseurs », qu’il aurait vus à l’oeuvre, dans une vision obsidionale, en France en particulier, horrifié par ces centres commerciaux où des « hordes d’immigrés » dominaient numériquement les Blancs autochtones. L’Europe doit se soulever, conclut Tarrant, qui déploie sa vision du monde dans ce document où il (re)commande de tuer
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« Contre les envahisseurs, des hordes d’immigrés… l’Europe doit se soulever. » Brenton Tarrant