Où sont passés les adultes ? par Sébastien Le Fol
Enfin, il se passe quelque chose de très intéressant le vendredi après-midi. Dans le monde entier et la même communion, des collégiens et lycéens font grève pour le climat. L’urgence climatique est indéniable. Mais les solutions demeurent complexes. Elles exigent du pragmatisme, de la diplomatie, des réformes d’envergure. Il faudrait aussi admettre que l’homme peut produire les remèdes aux dégâts qu’il a causés. Cela s’appelle l’innovation, le progrès technologique… Les sympathiques grévistes du climat préfèrent, eux, la stratégie du claquement de doigts. « On nous dit de retourner à l’école et que nous pourrons ainsi devenir des politiciens ou des scientifiques capables de trouver des solutions au problème climatique. Mais nous n’avons pas le temps d’attendre de devenir des adultes », a déclaré l’adolescente suédoise Greta Thunberg, initiatrice de ces Fridays for Future. C’est toute la question posée par ce mouvement juvénile. Ne va-t-on pas un peu vite en besogne en attribuant à ces enfants une conscience politique ? Greta Thunberg est déjà proposée pour le prix Nobel de la paix 2019 ! Qu’une jeune fille aussi fragile soit érigée en autorité morale a de quoi nous inquiéter sur l’effondrement des adultes. Elle n’a rien vu, ni vécu, n’a pas fait ses preuves, mais elle sait mieux que ses aînés comment conduire les affaires du monde. On connaissait l’enfant roi. Celui, selon le vocabulaire des psys, qui vit « dans l’illusion de la toute-puissance infantile ». Voici venu le temps de l’enfant éducateur : il entend se substituer à des adultes coupables de défaillance et d’incompétence. Lors des manifestations lycéennes contre le contrat première embauche, en 2006, Alain Finkielkraut avait déclaré : « Le XXe siècle nous a appris que ce n’est pas aux enfants de faire de la politique. L’enfant politique, ça ne veut rien dire. » Mais où sont passés les adultes responsables ? Peut-être, en effet, ont-ils disparu…
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