Vin : côtes-d’auvergne
Récoltés sur les pentes des puys, les rouges de cette jeune appellation ont quelque chose de volcanique.
Neuf années se sont écoulées depuis que ce petit vignoble étalé autour de Clermont-Ferrand a obtenu son AOC. L’âge d’une préadolescence où l’on se pose des questions sur son avenir. Surtout si, malgré une reconnaissance officielle – l’appellation d’origine contrôlée –, on est l’héritier d’une viticulture très ancienne. Ici, la vigne a couvert jusqu’à 40 000 hectares. En témoignent les nombreuses «caves bâtiments», ces entrées de galeries creusées dans les coteaux de Châteaugay. Les noms font rêver, châteaugay, chanturgue, madargue, corent, boudes… des « dénominations géographiques complémentaires ». Des crus, autrement dit, qui, par leur particularité de sol et leur unité, se distinguent des 53 autres communes classées en AOC. Tous en rouge sauf corent, consacré au rosé. Le vignoble dans son ensemble ne couvre plus que 400 hectares (dont 267 en AOC, le reste en IGP, les anciens vins de pays). L’urbanisation, l’industrialisation, l’arrivée, bien que tardive ici, du phylloxéra, une production plus orientée vers la quantité que vers la qualité ont été les facteurs principaux du déclin. La poignée de vignerons indépendants et la coopérative de SaintVerny (aujourd’hui commercialisée par le négociant Desprat) qui ont maintenu l’activité se sont orientés à l’inverse : qualité d’abord et valorisation des saveurs particulières de ce vignoble situé sur le même parallèle que saint-émilion ou les côtes-rôties. Mais ce sont surtout les mélanges de sols, calcaire et roches volcaniques des pentes des puys, qui créent l’originalité des gamays et pinots auvergnats et leur confèrent des notes poivrées, qui ne sont pas sans rappeler les morgons. Comment se développer, séduire les amateurs et faire venir de nouveaux vignerons ? Certes pas en cédant aux modes éphémères. « Je fais les vins que j’ai envie de boire », dit Annie Charmensat, qui vend son domaine à un Champenois séduit par ses vins très purs, comme ceux de Benoît Montel, fils d’un agent hospitalier et d’une commerçante, venu à la vigne parce que trop agité à l’école : « Au collège, ils ne voulaient plus trop de moi. » La vigne comme remède à la turbulence…
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