Finlande Humour noir au pays de l’or blanc
ANTTI TUOMAINEN
Au pays mis en forme par Alvar Aalto, en musique par Sibelius, en beauté par Marimekko, il ne manquait – mais pouvait-on l’imaginer ? – que la fantaisie d’un auteur de polar poilant. Avec un rikosromaani ja musta komedia, comme on dit en finnois, littéralement, « polar-comédie noire ». Antti Tuomainen vient de pousser dans cette veine-là, tel un champignon après la pluie. Et, de champignons, il va en être question avec ce Finlandais que le Time anglais vient de sacrer « écrivain le plus drôle d’Europe ». « Derniers mètres jusqu’au cimetière » – qui figure parmi nos finalistes pour le prix du Polar européen (lire p. 110) – raconte l’histoire de Jaakko, cultivateur de matsutake, les champignons japonais, « qui reçoit l’affreuse nouvelle qu’il va mourir », nous dit Tuomainen, avant d’ajouter avec délectation : « D’une mort vraiment atroce ! » Jaakko apprend en effet qu’on l’empoisonne petit à petit depuis des années. Comptant en faire part à son épouse, il découvre celle-ci nue, montée à califourchon sur leur jeune et fringant homme à tout faire… « Une journée merdique », résume l’auteur, et on ne dira pas mieux. Aussi son Jaakoo, à quelques mètres du cimetière, décide-t-il de mettre de l’ordre dans ce qui lui reste de vie en s’occupant de ses affaires de champignons, de son épouse qu’il suppose être l’empoisonneuse, et de l’homme à tout faire trop zélé. Un compte à rebours savoureux se met en place dans une ambiance loufoque, proche du film « Fargo » des frères Cohen ou de l’univers d’Arto Paasilinna, romancier à l’humour « sauvage », dont raffole Tuomainen.
Le grand brun longiligne, d’une gentillesse à faire fondre la banquise, nous fait faire le tour d’Helsinki, figée dans la neige molle, avant de nous emmener dans la ville côtière de Porvoo. En bus, lumière d’hiver rasante, traversant des forêts de conifères aux branches empesées de blanc de titane comme sous le pinceau du peintre Gallen-Kallela. La vieille ville – ce qu’il reste d’histoire et de maisons tradition-
Le classement du pays comme lieu où on est le plus heureux au monde rend les Finlandais très malheureux.