Danemark Etre ou ne pas être (social) ?
Aforce de se gondoler doucement en lisant les polars de Jussi Adler Olsen, qui campe une équipe de bras cassés appartenant à la police de Copenhague, on a cru que tous les Danois étaient des marrants. Erreur. Soren Sveistrup, à qui l’on a malencontreusement donné rendez-vous dans le temple du divertissement bon enfant, les jardins de Tivoli, nous le confirme le plus sérieusement du monde – en riant sous cape, tout de même.
Lui est parti à l’assaut des lecteurs dans un tout autre registre. Et son premier roman, « Octobre », un thriller, vient de rencontrer un succès colossal. Parce que c’est une histoire furieusement bien ficelée pour un premier coup. Parce que, traduit en 26 langues, c’est un carton planétaire en librairie. Parce que les droits d’adaptation (c’est top secret) sont en cours d’acquisition et parce que, surtout, le nom de Sveistrup fait déjà l’objet de mille vénérations – on lui doit, outre le script de l’adaptation ciné du « Bonhomme de neige », tiré du roman de Jo Nesbo, la mythique série télévisée policière « The Killing ». Six cent mille Français ont déjà, comme nous, tremblé devant le petit écran en attendant de savoir comment Sveistrup allait pouvoir clore un épisode. Alors un livre ! Et le scénariste devenu romancier – « vingt-cinq ans après Le parrain
alias le Viking
Né en 1950 à Copenhague.
Un inspecteur irascible, Mork, et son Watson syrien, Assad, homme de ménage poète, ont rendu leur créateur célèbre et incontournable en sept volumes décapants, « Les enquêtes du département V ». un premier essai raté », avoue-t-il – frappe fort. On suit, avec l’enquête policière d’« Octobre », l’assassinat violent de femmes dans les environs de la capitale. Le tueur (en série, bien sûr) tranche les mains de ses victimes encore vivantes et laisse pour signature de drôles de petits bonshommes confectionnés à partir de marrons et d’allumettes. Des dialogues efficaces, une intrigue découpée comme des plans-séquences, un suspense qui tient le lecteur en haleine à la fin de chaque chapitre : on sent l’expérience de Sveistrup, mais aussi une dose d’innocence. Comme l’idée de ces marrons, née d’un souvenir de l’enfance de Sylvester, le cadet de ses fils : « J’allais le chercher à la maternelle, il avait 4 ou 5 ans, raconte le romancier. Soudain, tous les enfants, qui étaient en train de fabriquer des personnages avec des marrons, se sont mis à chanter en choeur. » Il entonne la chanson d’une petite voix, invite l’homme-marron à entrer à l’inté-
JUSSI ADLER OLSEN
« Un roman policier n’est pas qu’un meurtre, c’est surtout la possibilité de délivrer un message. »