Norvège L’âme nature
La Norvège n’est pas un pays facile. Hors les villes, point de salut. Il y fait froid, il y fait fjord, il y fait nuit, il y fait seul. La vie est trop rude, la nature trop grande. La neige étouffe toute tentative de convivialité. Ce n’est pas un hasard si Jo Nesbo, l’auteur phare du « scandinave noir », comme on dit là-bas, emploie son formidable talent à surtout croquer les villes, du « Bonhomme de neige » jusqu’au récent remake du « Macbeth » de Shakespeare. Le gris du bitume, peu de nature – hormis celle des hommes. Ce que ne fait pas Jon Lier Horst, l’autre vedette norvégienne. En huit romans (trois traduits en français) vendus à plus de 2,5 millions d’exemplaires et traduits en 26 langues, Horst est allé, loin des trépidations d’Oslo, découvrir la Norvège de la périphérie.
L’auteur, flic devenu écrivain, installé dans la petite ville de Stavern, raconte sa créature, William Wisting, policier en fonction et père de la journaliste investigatrice Line dans la ville adjacente de Larvik. Un tandem père-fille installé dès le premier tome, « Fermé pour l’hiver », poursuivi dans « Les chiens de chasse », prix Clé de verre, la plus haute distinction du polar nordique (Wisting a été adapté en une série télévisée, diffusée ce printemps, par le producteur de celles de Mankell, Nesbo et Stieg Larsson). Dans « L’usurpateur », troisième tome, deux fils tendus dans une enquête. On découvre un homme mort, depuis déjà quatre mois, devant son téléviseur. Un autre, au fond d’une forêt de sapins, dont on ne sait rien. La mort des solitaires, des anonymes, ceux que personne ne réclame, et le silence qui s’impose si Horst ne laisse pas entendre leurs voix
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« L’usurpateur », de Jon Lier Horst, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier (Série noire Gallimard, 448 p., 22,50 €).
Il fait froid, il fait fjord. La vie est trop rude, la nature trop grande.